Décidément ça ne va pas fort dans le monde paysan tel qu’il est représenté à travers le cinéma ces dernières années. Après les galères d’un jeune éleveur dans le troupeau est touché par la maladie dans Petit paysan (2017) et Au nom de la terre (2019) avec Guillaume Canet, La terre des hommes nous raconte cette fois un drame qui se joue autour d’une jeune éleveuse de bovins, victime d’une relation toxique et subie avec un homme d’influence dans le milieu agricole.
Fille d’un agriculteur dont activité n’est pas très florissante (Olivier Gourmet), Constance (Diane Rouxel) souhaite, en compagnie de son fiancé (Finnegan Oldfield), reprendre l’activité du père et la moderniser. Pour cela, elle a besoin de l’appui de Sylvain (Jalil Lespert), responsable du syndic agricole local, lequel peut appuyer son dossier et éviter que les propriétaires du coin ne rachètent son exploitation promise à la faillite. Sylvain, sentant la proie facile, se rapproche physiquement de cette jeune femme fragile pour l’obliger à accepter une relation sexuelle avec lui.
La terre des hommes, qui porte bien son titre, arrive assez subtilement à faire comprendre toute la difficulté qu’il y a à définir la notion de consentement dans une situation de viol présumé. À travers le drame vécu par cette jeune femme dans un monde paysan essentiellement composé d’hommes, le cinéaste montre à quel point la notion est floue avec, comme dans la scène de l’interrogatoire à la gendarmerie, des attitudes et des paroles qui laissent libre court à interprétation, suscitant de l’incompréhension entre la victime et l’agresseur… un thème passionnant qui rappelle assez celui développé dans le roman Les choses humaines de Karine Tuil sorti en 2019.
Sans manichéisme ni outrance, Naël Marandin maitrise son sujet tout en évitant les pièges inhérents à ce type de film « dossier » , construisant sa fiction du point de vue de Constance, parfaitement bien incarnée par Diane Rouxel. Autour de ce personnage clé, le contexte social est bien dessiné avec des personnages complexes pour sujet fort.
Malgré quelques faiblesses ici ou là, le réalisateur réussit donc son pari et sa démonstration, filmant au plus près une femme victime, et même coupable aux yeux de certains, dans un style assez classique. Une jolie réussite.
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