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C'est la seule fois de sa carrière où Howard Hawks travailla à un genre très prisé à Hollywood : la reconstitution antique, qui était une des spécialités de Cecil B. De Mille, prouvant que Hawks a abordé tous les genres avec un égal bonheur : le polar noir (le Grand sommeil), le film de guerre (Sergent York), le western (Rio Bravo), le drame (Seuls les anges ont des ailes), le film d'aventure (Hatari) ou la screwball comedy (L'impossible monsieur Bébé)...
Et pourtant, Hawks n'était pas satisfait du résultat parce que la Warner lui imposa le format Cinémascope qu'il n'aimait pas, mais il se consola avec le concours d'Alexandre Trauner pour les décors (qui reproduisit une pyramide de Khéops très réussie), du grand écrivain William Faulkner à la participation au scénario, et de son fidèle Dimitri Tiomkin à la musique, qui offre de beaux thèmes ronflants comme il se doit à toute production de cette ampleur. De plus, il s'était vanté lors d'une soirée arrosée, de battre le record du plus grand nombre de figurants (détenu par De Mille).
Dans un bouquin épatant, "Hollywood sur Nil", Noël Howard alors responsable de la seconde équipe, a raconté des épisodes pittoresques sur le tournage de cette luxueuse superproduction, j'en livre ici un extrait sur l'élaboration du scénario entre Hawks et ses scénaristes : Prenez un pharaon, la quarantaine. Ajoutez une belle salope pour épicer la chose. Saupoudrez avec un architecte génial et astucieux afin de rendre la pyramide inviolable. Ajoutez une petite idylle entre un jeune premier bellâtre et une Egyptienne bien roulée. Mélangez le tout et vous obtenez les clés d'un bon petit péplum. Plus sérieusement, avec Faulkner, Hawks a pu mettre l'accent sur les passions tragiques des personnages, entre Kheops et l'ambitieuse Nellifer, incarnée par une toute jeune Joan Collins débarquée de son Angleterre natale et qui se vit offrir un contrat à Hollywood. Les personnages principaux échappent un peu aux stéréotypes du péplum ordinaire et acquièrent par moments une noblesse aux accents shakespeariens.
Sans être une des oeuvres majeures de Hawks, ce film reste une indéniable réussite ; il s'est visiblement passionné pour cette fresque, en dépit de ce qu'il a pu dire par la suite, recréant avec lyrisme et véracité la destinée du pharaon Khéops épris d'une femme volage, et la construction de la pyramide qui lui servira de tombeau. Les grandes scènes de l'édification du monument magnifiées par le Cinémascope, demeurent de splendides moments, avec un côté colossal assumé, de même que le mécanisme de fermeture "au sable" dont Hawks a assuré l'authenticité, est stupéfiant.
Ce qui n'aurait pu être avec un autre réalisateur, qu'une approximative peinture historique, devient en plus une réflexion sur le pouvoir, la destinée et la folie humaine. Un grand péplum à l'ancienne comme on n'en fait plus.
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le 27 déc. 2017
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