La Terre promise
La Terre promise

Documentaire de Francis Reusser (2014)

Philippe Savoy le chef de choeur de la chorale du Collège Saint-Michel de Fribourg se prépare à emmener cinquante-cinq de ses élèves en Palestine pour y donner une série de concerts. De Bethleem à Ramallah, en passant par Jerusalem et Hebron, entre checkpoints et églises, camps de réfugiés et tourisme historique à la Mer Morte, tous vont découvrir un territoire éclaté, un pays partagé entre paix provisoire et humiliation permanente du peuple palestinien.


Cinquante-quatre garçons et filles, jeunes adultes enracinés dans leur culture musicale et leur terroir, Fribourg pour l’essentiel, ne quittent pas la Suisse et son apparente paix sociale pour aller se frotter à une région du monde en conflit depuis presque un siècle, sans inquiétude ni questionnement. Israël / Palestine, comment faut-il énoncer le terminus du voyage? On bute sur les mots dès la première phrase.
Que savent-ils ces jeunes gens de cette déjà longue histoire, de ce qui divise les uns et les autres, quelles frontières géographiques, ethniques, religieuses, politiques, vont-ils, vont-elles devoir franchir ? Passé le temps des échanges musicaux, des répétitions, des concerts partagés, comment appréhender l’autre, comment le différencier de son voisin, pourquoi la défiance et le contrôle militaire israélien généralisé appliqué à la plus grande partie du territoire ont-ils exclu, tenu à distance derrière des murs un peuple qui est chez lui, lui aussi, qui a droit à l’existence et à la reconnaissance en tant que nation? Sur place, c’est la vie vécue, les espaces hors encadrement musical qui ont nourri les participants de cette aventure en terre promise aux uns comme aux autres.
Ce road-movie inscrit dans une période aussi courte ne peut générer que des impressions de voyage. C’est déjà beaucoup. C’est tout l’enjeu de ce projet que de revenir la mémoire enrichie, porteur du seul message imaginable : que Palestiniens et Israéliens voient un jour sur ce petit territoire s’installer une paix durable et plurielle. La musique que le groupe fribourgeois transporte dans ses bagages est gage d’un premier échange : que l’Abbé Bovet et son vieux chalet chanté en arabe viennent croiser les accords des luths en bois de l’Oud palestinien, est une jolie métaphore de cette paix si longue à installer.
Les poèmes de Mahmoud Darwich, l’immense poète palestinien, scandés avec gravité par Darina Al Joundi ont convié un personnage virtuel tout au long de ce périple : la terre palestinienne, ses lumières, ses paysages, ses visages, le rappel de l’ancienne cohabitation, la promesse d’un futur pacifié.


Francis Reusser réalisateur

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le 9 mars 2022

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