La Tête contre les murs par Alligator
Juillet 2009
Je n'aime pas les films de prison. C'est bien ma veine. Un individu est enfermé dans un hôpital psychiatrique et cherche à s'en échapper. Voilà.
Mocky au scénario, Franju à la réalisation cherchent à dénoncer une pratique déjà à l'époque de moins en moins montée au pinnacle : la psychiatrie en milieu fermé avec son cortège de violences diverses, la camisole de force ou l'internement sur "commande". Le film est rempli de dialogues plutôt savoureux, piquants et drôles dans l'ironie (surtout de la bouche de Pierre Brasseur) et de répliques incisives qui sont encore aujourd'hui d'une actualité brûlante. Malheureusement, ils sont servis dans un contexte un peu trop manichéen, forcé, entre d'une part la psychiatrie conservatrice de Brasseur qui enferme les malades et même ceux qui ne le sont pas vraiment pour protéger la société, l'ordre moral et d'autre part celle de Paul Meurisse, plus ouverte, où la personnalité des malades, leur bien-être sont pris en compte, où l'individu prévaut et qui s'occupe uniquement des malades mentaux. Ces deux versions s'affrontent sans grande nuance. Les personnalités sont parfois brutalement décrites. Par exemple le père de Mocky (Jean Galland) est pour le moins caricatural. Mocky lui même n'est pas d'une grande finesse.
Alors heureusement, le film bénéficie d'une photographie superbe, d'Eugen Schüfftan, encore une fois très belle, veloutée à souhait. Quelques scènes sont empreintes d'une poésie indéniable, du Franju tout craché. Comment rester insensible à la grâce qui jaillit sur la bouche d'Anouk Aimée dans la scène du baiser sur le banc. Cadrage, vitesse, lumière, poses, les yeux d'Anouk se ferment et le temps est suspendu.
Un beau casting, par seulement devant la caméra. Maurice Jarre pour une musique qui ne m'a vraiment plu, je ne saurais dire pourquoi... agressive? Claude Zidi en second assistant. Hervé Bazin le romancier adapté. Et pas mal d'acteurs. Tiens Jean Rougerie est annoncé... et je ne l'ai pas repéré.