Un gamin agité, François Géranne (Mocky) détruit pour rire le dossier très important d'un client de son père, avocat. Celui-ci le fait interner. La clinique, un beau château au milieu des champs, est aux mains du Dr Varmont (Pierre Brasseur), qui dit lui-même que les hopitaux psychiatrique ont deux buts : guérir éventuellement les patients mais surtout protéger la société. Obtus et paternaliste, Varmont prend de haut le département du docteur Emery (Meurisse), qui pense qu'il faut un cadre agréable pour sortir les patients de l'anxiété, puis des traitement sur le sport, des exercices comme la ronde, qui oblige chacun à bouger en même temps que les autres... Dans sa captivité, François tombe sur un autre patient, Heurtevent (Aznavour). Ils tentent plusieurs fois de s'évader, mais au moment où ils réussissent, Heurtevent fait une très grave crise d'épilepsie. François reste en contact avec Stéphanie (Anouk Aimée), une jeune femme qu'il a appris trop tard à aimer et qui est la seule à venir le voir. Heurtevent, en bout de course, décide de se pendre. Une entrevue avec son père ne se passant pas si bien que ça, malgré que François ait présenté ses excuses, il décide, avec les conseils d'un pensionnaire ancien du milieu, de profiter de l'enterrement d'Heurtevent pour s'enfuir et se fait engager dans une maison de jeu à Paris. Mais il se réfugie chez Stéphanie, et les flics le retrouvent. Dernier plan sur l'ambulance qui arrive devant la grille du château. Fin.
Le noir et blanc est sublime, comme toujours chez Franju. C'est fascinant comme on reconnaît sa photographie au premier coup d'oeil. Sans doute parce qu'il marie au premier plan une image hyperréaliste, avec un grain très fin, très net, tandis que les arrière-plans sont plus flous ou vaporeux. Sans doute pour son goût pour les lignes dures, les cadres, mais aussi les visages très ombrés, ou au contraire presque surexposés. J'aime énormément sa manière de filmer les pavillons de banlieue, par exemple chez le père, ce bureau baignant dans un éclairage de serre. L'influence sur des dessinateurs comme Tardi est indéniable.
Alors, pourquoi une note si chiche ? Je partage l'avis de l'alligator. Le film alterne trop mécaniquement les scènes d'exposition pas très bien amenées (on sent quand un personnage ne sert qu'à l'exposition, hélas), et les deux confrontations entre Emery et Varmont sont décevantes (ils se jètent des arguments à la figure).
Cela dit, notre regard est forcément influencé. Nous avons vu "Shock Corridor", et "Vol au-dessus d'un nid de coucou", et "Johnny s'en va en guerre". Ce film arrive avant, mais malheureusement, il souffre de cette concurrence, car il étire un peu trop son propos. C'est un problème d'écriture, je dirais : on aurait aimé s'attacher à d'autres pensionnaires en-dehors d'Heurtevent, voir un peu plus le fonctionnement quotidien de la clinique, la misère dans laquelle on entretient les malades, plutôt que de s'attacher aussi longtemps à un héros au fond assez creux (oui oui Mocky).
"La tête contre les murs", à cheval entre le film à thèse, le film d'horreur médicale et le mélodrame, a un rythme trop étiré pour passionner et souffre un peu de la concurrence avec ses concurrents postérieurs dans le genre du huis-clos psychiatrique.