Je suis mitigé, car ce film avait beaucoup de choses pour me plaire, avec notamment un casting alléchant et un sujet qui me plait (surtout que Franju est réputé pour ses ambiances particulièrement singulières, glauques, d’autant plus que j’avais beaucoup aimé Judex). Et en soit, le film a beaucoup de qualité, formelle principalement. Mais globalement, j’en ressors déçu.
En fait ce sont les personnages qui ne m’ont pas plus. Le pitch est super pourtant, un homme amené contre son gré en hôpital psychiatrique et qui essaie d’en sortir par tous les moyens possibles. Sauf que je m’attendais à un film sur la folie (disons que 75% du film voir plus ce passe en hôpital…). Eh bien non, c’est avant tout un film sur la liberté. Ce qui fait que les personnages sont peu intéressants, Franju ne s’intéresse strictement pas à la psychologie des malades, le film est beaucoup trop superficiel, trop extérieur. Aucun des malades n’a su m’intéresser. Les seuls personnages que j’ai aimé sont les deux docteurs de l’Asile, à savoir Pierre Brasseur et Paul Meurisse (qui sont également les 2 acteurs jouant le mieux, surtout Meurisse, même si je trouve qu’on ne le voit pas assez, lui qui était le 2e acteur crédité au générique introductif, j’aurais aimé plus le voir). En effet, leur conception des malades est plutôt intéressante, et j’ai beaucoup aimé la discussion entre les 2 hommes au sujet de Mocky, après que celui-ci ait tenté ça seconde évasion.
Donc déjà, hormis les deux médecins, on a des personnages qui manquent clairement de consistance. Mais en plus de sa superficialité, le film est beaucoup trop « facile », il n’y a pas vraiment de finesse, de subtilité, tout est explicité, il n’y a pas d’invisible, de non-dit (ou en tout cas, je ne l’ai pas cerné, ce qui est possible aussi^^)
Bon le film n’a pas que des défauts après, comme je l’ai dit, la réalisation elle est au top. Franju nous donne une sensation d’enfermement total, ce qui sert bien le fond, avec ce personnage privé de liberté, qui échouera à ses multiples tentatives d’évasion, et dont la destiné est de finir sa vie dans cet hôpital psychiatrique, comme si on ne pouvait sortir de cette endroit (le suicide d’Aznavour en témoigne). De plus, certaines scènes sont prodigieuses. Je pense notamment à celle de la messe (précédant justement le suicide d’Aznavour), où Georges Franju filme merveilleusement bien le regard des gens, notamment de cette femme (totalement extérieure à l’histoire), le regard émerveillé devant ces magnifiques chants religieux. J’ai trouvé ça beau. Le regard de Paul Meurisse pendant cette scène m’a également beaucoup marqué, un regard noir mais profond.
La photographie elle aussi est bonne, cependant, je ne trouve pas que la musique soit judicieusement employée. L’alliage de la musique avec la très belle mise en scène de Franju n’a pas fonctionné chez moi.
Globalement c’est loin d’être mauvais, mais au vu du scénario de base, et de l’extrême qualité de réalisation du metteur en scène, ça aurait pu donner quelque chose de merveilleux.