Voici le parfait prototype de la comédie "pouët-pouët" des années 60, à savoir un style de comédie française complètement nonsensique et loufoque où le scénario n'a guère d'importance, l'essentiel étant basé sur les dialogues savoureux (dus à Jean-Loup Dabadie) et surtout sur une sacrée bande d'acteurs qui se connaissent tous et qui avaient l'habitude de jouer souvent ensemble. Dès le générique, le ton est donné avec une chanson qui reprend le titre du film, joyeusement interprétée par les acteurs.
C'est donc un film qui se voit surtout pour son casting qui permet à chacun de faire son numéro : on y trouve les duettistes Poiret et Serrault qui déja avaient des carrières séparées, mais qui reforment leur duo bien rôdé sur les scènes des cabarets parisiens, ils partent dans de joyeux délires dont ils ont le secret en incarnant des personnages complètement extravagants. Francis Blanche est un maître-chanteur excentrique qui parvient comme souvent, à donner à des rôles insignifiants une saveur particulière. Jean Richard délaisse ses rôles de paysans mal dégrossis pour un dentiste affable et séducteur, Sophie Desmarets est encore une délicieuse tête de linotte, et on a Darry Cowl, Jacques Legras, Robert Rollis et Michel Modo qui complètent le tableau en faisant des passages intempestifs. On reconnait aussi la toute jeune et déja mignonne Caroline Cellier, et le tout jeune Patrice Laffont alors dans une carrière de comédien.
En bref, on a affaire à une comédie propre, dénuée de vulgarité, sans génie mais plaisante, au burlesque échevelé, où les acteurs sont en roue libre sans que ça perturbe l'entreprise, ça ne vole certes pas haut mais honnêtement, c'est un bon moment qui fait du bien, et je trouve ce genre d'humour cocasse bien meilleur que les balourdises franchouilles qu'on voit de nos jours, à condition d'aimer le style sixties et les loufoqueries.