Ou comment faire découvrir au public caennais la face cachée du nanar. Souffrance cinématographique collective donc devant cette sexy comédie terrifiante de non-rythme avec ses non-gags servis dans un jeanfoutisme généralisé, chaque idée loufoque évoluant pour son propre compte, quitte à être abandonnée en cours de route (le fortifiant aphrodisiaque du médecin du régiment). Le pire étant la mise en place pachydermique (carrément godzillesque diront certains) de certains points d'orgue de cet humour laborieux, le film prenant de longues minutes à bâtir des quiproquos évidents mais qui, ô sadisme exquis, n'aboutissent même pas ! Il faut voir le sprint final convoquer la survenue potentielle et concomitante de jeunes villageoises et de prostituées venant apaiser les tourments hormonaux des jeunes troufions (kolossal gag en approche !) et se retrouver en fait avec l'irruption de nulle part d'un escadron de jeunes recrues militaires en mini-short. Epuisant...
Mais bon, cette conclusion a le mérite d'annihiler le sous-texte jusqu'alors progressiste, incarné par une Edwige Fenech réclamant les mêmes droits pour tous, en donnant lieu à une sorte de viol collectif qui serait bien plus sordide dans la musique pouêt-pouêt qui l'accompagne. Y'a pas à dire, mais il suffit d'un peu de bonne humeur pour rendre sympathique une orgie à la gloire du désintérêt envers le consentement d'autrui.
Par d'ailleurs, La Toubib ne se tracasse pas d'arnaquer son spectateur en lui promettant une Fenech que l'on ne verra quasiment pas à l'écran (sauf lors de sa scène de douche savonneuse, là on la voit très bien) et qui malgré ses revendications professionnelles, n'exercera aucun acte médical, sauf à considérer la domestication de la Bête (Michel Gammino, meilleur perso du film) comme un soin de réinsertion sociale (et sexuelle). Le reste de la troupe d'acteurs est par contre à la hauteur des attentes, c'est-à-dire dans les galeries souterraines que le bataillon passe son temps à creuser (un des arcs scénaristiques principaux avec la sombre histoire du goulasch mal digérable) : Vitali fume par le cul, Gullota est bourré de tics visqueux, Montanaro a pour seul caractérisation d'avoir des hémorroïdes et Montagnani se démène pour cabotiner plus que les autres (normal, c'est le chef).
Le visionnage s'est donc déroulé sous les gémissements de la salle, avec ce slogan désespéré et répété à l'envi : "ce film a fait plus d'entrées que Rocky ?!" (authentique). En résumé : j'ai adoré l'expérience.