Vers le néant
Il y a presque toujours eu une bonne dose de nihilisme dans le cinéma de Guillaume Nicloux, et la tendance va en s'accentuant au fil des années, qui marque une volonté bien établie du réalisateur de...
le 8 févr. 2023
23 j'aime
La tour raconte comment s’organisent les habitants d’une tour de banlieue piégés à l’intérieur du bâtiment par un voile de néant qui avale tous ceux qui le touchent. La tour raconte comment une société déjà bien friable se désagrège complètement en l’espace de quelques jours. La tour ne raconte rien de nouveau : des humains en vase clos qui en viennent rapidement à se défoncer plutôt que d’essayer de trouver une solution ensemble, ou de profiter au maximum du temps qu’il reste dans la joie et la sérénité... Mais le raconte bien.
Si le film de Guillaume Nicloux ne prend pas de court, il arrive dans l’ensemble à prendre aux tripes. Le réalisateur montre une bonne maîtrise de l’espace et du temps. C’est clair, c’est net, c’est rapide. Passé 5 minutes, on est dedans. Et tout s’enchaîne très vite. De plus en plus vite. D’ellipse en ellipse on devine les jeux de pouvoir se modifier, on voit les personnages régresser, tandis que tout autour, l’espace se réduit et les perspectives disparaissent.
Le choix de narration est malin, il évite aux spectateurs et spectatrices de s’attarder sur les incohérences et les défauts inhérents à un film concept de ce type. Les habitants de la tour développent l’élevage et le commerce de chiens et de chats pour se nourrir ? L’image est marquante... quant à savoir comment eux-mêmes sont nourris tandis que les ressources diminuent, la scène suivante balaiera l’interrogation avant même qu’elle ne devienne gênante. Une fuite en avant cinématographique ? Oui.
Mais pas que... il maintient aussi une tension constante et une âpreté qui fait plaisir. Ce parti pris fonctionne de paire avec une caractérisation des personnages hyper simple. De la vie des personnages avant apocalypse, on ne sait rien et ça semble totalement anodin tant ils sont caractérisés et définis par les événements qu’ils vivent. L’individu disparaît d’emblée complètement pour ne laisser place qu’à un instinct grégaire biaisé et une recherche de sécurité mortifère. Et c’est fascinant.
Assez proche de The divide dans ses thématiques et ses mécanismes, La tour se montre punchy là où le film de Xavier Gens se traînait un peu trop tout en faisant la part belle à la décrépitude et la dégénérescence. C’est précisément ce qui manque le plus dans le film de Nicloux : les personnages ont en général aussi l’air maladifs et affamés que des lycéens privés de goûter.
Personnage > Caractéristique
Blues > Suicidaire
Personnage > Méchant·e
Mort > Stupide
Réalisation
Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc.
Réalisation > Accessoire et compagnie
Tension > Gros plan sur les aiguilles d’une horloge qui avancent
Scénario > Ficelle scénaristique
Plus de réseau téléphonique
Scénario > Situation
Passion > Moment d’intimité interrompu
Thème > N’importe quoi
Scientifiquement non prouvé > Physique des matériaux soumise à rude épreuve
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Objectification sexuelle > Nichons, fesses
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Créée
le 11 févr. 2024
Critique lue 33 fois
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