15 ans après La Tour Montparnasse Infernale, Eric et Ramzy reviennent en duo pour une préquelle, basée sur les pères des héros de la Tour Montparnasse. Grand partisan des répliques cultes du premier film, je me dirige vers la salle de cinéma la plus proche en compagnie d'un ami tout aussi partisan. Retour sur ce film au bilan...mitigé.
Il aura fallu 15 ans pour voir arriver ce retour du grand duo. Enfin, grand, pas tant que ça, mais La Tour Montparnasse a quand même marqué ma conception de l'humour : passant à la télé alors que j'avais environ 10-12 ans, je me souviens avoir eu des fous rires devant le niveau de débilité des personnages.
La Tour 2 Contrôle Infernale avait donc la lourde tâche de faire au moins aussi bien, avec quasiment les mêmes personnages. Un défi pas tout-à-fait relevé : si le film est marrant, on note quand même de vrais temps forts qui se démarquent de moments pas terribles. Et même si c'était déjà le cas dans La Tour Montparnasse Infernale, dont les dialogues entre les personnages étaient hilarants et contrastaient avec des passages narratifs parfois peu convaincants, ici on est au niveau en-dessous.
Le schéma est globalement le même : les passages axés sur les méchants sont moyens, tandis que les discussions entre les personnages constituent les meilleurs moments du film. Sauf que c'est poussé à l'extrême : le principal méchant est insupportable -pas que dans son comportement, ses gags ne sont pas terribles- et les passages liés à la police sont assez moyens. Pire encore, les dialogues entre les personnages ont tendance à traîner en longueur, et perdent du coup en intensité. Au final, on se retrouve avec un rythme assez faible -on le ressent d'autant plus que les lieux ont souvent droit à deux ou trois scènes différentes, associés à des personnages qui eux-mêmes ne sont pas très dynamiques- et l'on passe son temps à attendre la prochaine scène de dialogue entre les héros, en espérant que le dialogue sera débile mais pas longuet.
Autre point étrange : les musiques sont purement et simplement les mêmes que celles du premier film. Moi qui ne les trouvait déjà pas terribles à la base, la déception de les ré-entendre était présente. Au-delà de ça, les gags en eux-mêmes ne sont pas équilibrés : on aura soit un temps fort, tel que la scène du test de vue en début de film qui est juste hilarante, soit un temps faible. Le film profite de son cadre spatio-temporel (les années 1980) pour jouer de la surenchère sur certains clichés (racisme, sexisme) tournés au ridicule qui s'avèrent moyens mais gentillets.
Cependant, tout n'est pas mauvais dans ce film ! On sent qu'Eric Judor, ici réalisateur et acteur, a pensé le film visuellement lors de l'écriture. L'utilisation des décors est astucieuse, et il profite des effets spéciaux pour faire des gags que la stand-up ne permet pas de faire, pour un rendu franchement sympathique. Et si certains plans sont justes débiles -hommage au gros plan qui zoome de plus en plus sur le nez d'un personnage jusqu'à ce qu'on puisse en apercevoir les poils à l'intérieur d'une des narines-, certains plans ont carrément de la gueule !
Alors comment expliquer les lacunes du rendu final ? Sans doute par l'inégalité de la qualité d'écriture dans le script. Preuve en est : j'avais mémorisé la plupart des nombreuses répliques cultes de La Tour Montparnasse Infernale dès le premier visionnage à mes 10-12 ans, alors qu'ici je n'ai mémorisé que quelques phrases vraiment marquantes. Certains sketchs sont juste trop longs, et les raccourcir aurait permis d'améliorer la qualité d'autres séquences.
Ainsi, La Tour 2 Contrôle Infernale n'atteint pas le niveau de son prédécesseur. Si les demi-points étaient autorisés, je lui aurais attribué 5,5/10. Il ne constitue pas pour autant un mauvais film : pour peu que vous soyez friand d'humour débile et que vous laissez tout simplement votre cerveau à l'entrée du cinéma, vous passerez un moment sympa. Mais il n'est pas question ici de chef-d'oeuvre, ni de film culte.