‘La Traque’ est un film qui vit à crédit. En gros, c’est l’histoire de 4 petites frappes, en cavale avec de gros sacs de frics, poursuivis par un Robert Mitchum aux allures de T-800, à qui ont aurait fait faire son service militaire en Corée. "Chaque nuit, ils deviennent ses proies." Ça vous rappelle un truc ? Le titre initial du film c'était ‘la nuit du chasseur’. Mais c’est loin d’être le seul emprunt. Déjà rien que le « Alors, c’est 4 jeunes désœuvrés qui commettent un braquage dans une Corée sans horizon ni MJC, giflée par la crise et le FMI ». J’sais pas vous mais moi, ce pitch du turfu me rappelle furieusement un synopsis du passé. Yoon Sung-Hyun fait du neuf avec du vieux, et c'est tant mieux car il retrouve comme ça la recette démodée de l'instant classic. A partir de là, nos opinions importent peu, seul le temps jugera vraiment "Time to Hunt".
Alors "l’histoire et les personnages" maintenant : hé ben c'est qu'on s’en fout ! Les personnages sont tous écrits pareil de toute façon (à deux skins près) et l’intrigue se réduit à une seule idée. C’est pas un film qui dit. En revanche, c’est un film qui montre, et qui le fait bien. Or, fermer sa gueule lorsqu'on peut montrer des trucs, c'est une des définitions d'un bon film (un bon film pulp en l'occurence). En fait, c’est tellement inattendu de voir un réal classé auteur (depuis ‘La Frappe’ en 2010) basculer ainsi dans le genre, que c’est enthousiasmant pour la suite. Je me dis que Kim Joo-hwan n’est plus tout seul déjà, qu'il faudrait adapter comme ça tous les webtoons qui s'empilent sans lecteurs occidentaux sur Naver, que le film est passé au Berlinale de Février (est-ce que les pays coupés se comprennent mieux entres eux ?) et que la prod s'est même payée le luxe d'un mexican stand-off judiciaire avec Netflix (au moment même où ce dernier annonçait fièrement un nouveau partenariat pour diffuser encore plus de contenu coréen sur sa plateforme : achievement ‘cracher dans la soupe/20’). Accessoirement j’attends de voir les réactions des alliés d’hier : Yoon Sung-Hyun récoltera-t-il, une nouvelle fois, un bon papelard dans le Monde, Télérama et l’Obs ? J'espère bien, ce serait dommage de pas saluer ce qui s’apparente à un néo-giallo coréen comme même.