Avec son synopsis d'une femme poursuivie par une bande de chasseurs, La Traque semble s'inscrire dans la veine des films de survie où l'homme devient une proie pour les autres. Toutefois, le réalisateur Serge Leroy s'éloigne très vite des poncifs du genre pour proposer avant tout une oeuvre où les bas instincts humains sont étudiés à la loupe.
C'est ainsi que l'on suit dans les forêts françaises un groupe de notables de la ville en pleine partie de chasse. Ayant un peu forcé sur l'alcool, l'un d'eux commet un viol sur une jeune femme se promenant dans les environs. Va s'ensuivre une traque où les hommes, peur d'être éclaboussés par ce scandale, tenteront de raisonner la victime et de la faire taire.
Malgré le sujet grave du film, Leroy ne tombe jamais dans la surenchère. Il suit ce groupe d'hommes dont la plupart sont loin d'être, de prime abord, des sales types. Hélas leurs intérêts personnels, conjugués à la crainte d'être rejetés des autres, les pousseront malgré tout à commettre l'irréparable. On est ainsi face à une formidable étude des effets de groupe et de leurs conséquences.
Le tout est filmé avec efficacité dans le froid glacial de l'hiver. Les décors forestiers, bien que magnifiques, conservent un aspect menaçant de par la légère brume qui plane autour d'eux, rajoutant une peur supplémentaire pour la jeune femme, interprétée par Mimsy Farmer. La Traque se révèle donc impitoyable, d'autant plus que le suspens est écarté pour privilégier une certaine forme de fatalité mortelle...