La Traque est un film de genre qui veut la jouer sérieux, qui va droit à l’essentiel (une heure vingt) et qui tente d’insuffler un peu de rythme à son récit. Sa structure fait penser au récent Captifs : une première grosse moitié qui prend un peu son temps en tentant de conserver notre attention. Sur ce point, c'est quand même laborieux, la faute à des paysans rustiques si badass qu'on a plutôt l'impression de voir des rednecks du texas que de bonnes vieilles trognes de français remuant les terres de l'Aveyron. Les personnages sont accentués à la limite de la caricature, mais quelques mystères s’installent (la maladie familiale, l’implication de l’usine du frère, la nature de la bête…) et essayent de donner envie de continuer. La chasse à proprement parler n’est pas vraiment folichonne dans ses débuts, mais on retrouve vite la trace de la bête, et sa traque en question est plutôt bien gérée pour un budget réduit.


On touche là à un autre problème du film : son incapacité à arriver à atteindre ses ambitions avec ses moyens. Ceci pose un très gros problème, car le film a d'excellentes intentions (exit le numérique qui pollue tous les films à faible budget) mais il peine alors beaucoup à illustrer son histoire. Pour croire à une bête, il faut la voir. D'autant plus dans une série B. Les dents de la mer a su gérer son camouflage en disséminant quelques plans dans sa première moitié pour nous impressionner. Ici, nous ne verrons jamais qu'un bout de la créature, et toujours quand elle n'effectue qu'un mouvement. Difficile de croire alors à un tueur impitoyable et organisé quand les acteurs sont tirés par des câbles et que les créatures n'endommagent pas la végétation... Mais curieusement, on n'en veut pas trop au film, car ce dernier se donne vraiment beaucoup de mal pour garder un rythme vif et pour compenser ce handicap par quelques scènes intéressantes, à l'image de l'attaque de la cabane qui réalise un efficace plan séquence qui trouve là une réelle efficacité. Le film ne décolle vraiment qu’à partir de la mort du premier mammifère et sa dissection. Le film alors ménage une partie infection qui gratouille un peu et enchaîne assez vite sur la partie survival avec un charnier bienvenu et le début des hostilités.


Frustrant, car nous ne verrons pas notre curiosité comblée, mais immersif, car nous serons toujours au plus près de nos héros. Un parti pris économique qui parvient à être toléré par quelques idées intéressantes (les sangliers traquent à l’odeur) . Malgré un temps mort en haut d'un arbre qui s'éternise, il y a là de quoi se divertir un peu (en nous faisant oublier le mou Razorback) avec des créatures contaminées chimiquement qui nous baladent dans nos régions profondes. De là à dire que cela suffit pour défendre le genre en France, c'est aller un peu vite en besogne. Le plaisir du divertissement ne compense hélas pas la faiblesse du jeu, le scénario léger et le handicap technique. Petit bémol supplémentaire : une fin qui se la joue un peu dramatique et qui ne rend pas justice au personnage masculin principal, rehaussant un peu la frustration.

Voracinéphile
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le 11 déc. 2015

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Voracinéphile

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