Les années 70 seront marquantes au cinéma pour de nombreuses critiques sociales virulentes, en voici 5 choisis :
- Les Chiens de Paille (Straw Dogs) de Sam Peckinpah en 1971. (Ma critique)
- Delivrance (Deliverance) de John Boorman en 1972.
- Dupont Lajoie d'Yves Boisset en 1975 avec Jean-Pierre Marielle.
- La Traque la même année, toujours avec Marielle.
Ces quatre films parlent du viol, mais pas seulement. Dans Straw Dogs Peckinpah souligne la vision de l'étranger, l'effet de groupe. Dustin Hoffman, acteur principal, est un total étranger qui découvre le village de sa femme. L'effet de groupe permet de trouver une excuse. Qui tacet consentire videtur, et c'est un Pape qui le dit. Donc "si personne ne réagit, pourquoi moi ? Oh et puis elle l'a bien mérité la petite." se dira chacun des protagonistes intérieurement.
Même base dans Deliverance, des étrangers qui se retrouvent avec des ploucs consanguins qui sont de mèche avec la police de la ville. Et puis qui croirait à un viol homosexuel et qui oserait porter plainte dans les années 70 ? Au fond, qui a le courage de faire ce pas encore de nos jours ?
Dans Dupont Lajoie dont on croise également Jean-Pierre Marielle. L'histoire est celle de français moyens qui se retrouvent chaque année au même camping, l'extase. Racisme primaire, un d'eux va violer une des filles, la tuer de peur qu'elle ne parle et dire que c'est un bicot du coin le responsable.
Dans La Traque c'est le pouvoir de la bourgeoisie qui prime, la peur de la perdre. Lors d'une chasse, deux hommes joués par Marielle et Léotard, vont violer une femme étrangère qui passait tranquillement des vacances en Normandie, les deux saligauds imbéciles vont vouloir l'empêcher de parler. Si le reste de la troupe est bien plus cultivée et ne veut pas être mêlés à cela, la peur des journalistes leur ferra préférer la défense d'un intérêt commun, le silence.
Cette Traque est très forte en sens et en sentiments, la scène de fin est intenable. Celle du repas en début de film est simpliste dans ces choix de plans mais incroyable pour nous montrer l'animosité. Sobre et efficace dans sa technique, ça rend le message d'autant plus fort, moins théâtralisé.
L'intelligence de l'ensemble de ces films c'est de gérer par un montage rudement mené, une gradation maitrisée qui nous fait y croire en nous faisant comprendre que sous nos yeux ce n'est rien de plus que l'homme dans sa sauvagerie la plus profonde, au fond la plus "humaine". Si saoul vous renversiez une personne dans une route déserte sans témoin, la personne morte, iriez-vous à la police ? Il est beau et éthique de croire que oui...