La Traversée par Giallover
Indéniablement, Jérôme Cornuau (oubliez que Bouge ! et Folle d’elle sont de lui) a cherché à créer une ambiance trouble, en exploitant ses principaux décors. A savoir l’atmosphère pesante d’une île écossaise plongée dans la brume et battue par le vent, ou le confort artificiel du ferry sur lequel embarquent les personnages. L’intrigue, relatant la disparition d’une petite fille, Lola, puis, les retrouvailles avec son père, deux ans plus tard, lorgne du côté du thriller dramatique. Où la gamine a-t-elle passé les vint-quatre derniers mois ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi s’enfonce-t-elle dans le mutisme ? Autant de questions que se pose un papa à fleur de peau et parano, incarné par un Michaël Youn relativement convaincant. Une blonde peroxydée – qui s’avèrera être une pop star internationale – suit Lola et son paternel à la trace. Doivent-ils s’en méfier ? Que cherche-t-elle au juste ? Les questions ne manquent pas, elles trouveront leurs réponses au fur et à mesure que le film bascule dans l’univers du fantastique.
Le dénouement laissera les plus cartésiens pantois, mais il faut reconnaître à Cornuau son refus de la demi-mesure, assumant complètement son twist abracadabrant. Ceci-dit, La Traversée ne manque pas de défauts. Le film est très mal dialogué. Les répliques qui sonnent faux s’accumulent, et nuisent à l’interprétation des acteurs qui doivent se dépatouiller avec ces dialogues pour leur conférer un semblant de spontanéité. Le personnage de la chanteuse, lui, n’est pas plus crédible. Difficile d’accorder du crédit à cette superstar mondiale made in France, qui aurait piqué sa tignasse à Lady Gaga, et ses excès à Lindsey Lohan. Tout dépendra donc du degré d’indulgence qu’est prêt à lui accorder le spectateur…