Road-Movie sous l'Occupation !

LA TRAVERSÉE DE PARIS nous propose, en 1956, une présentation de l’Occupation qui diverge fortement de la mémoire alors dominante, totalement résistancialiste. Claude Autant-Lara réalise un film sur le marché noir adapté d'une nouvelle de Marcel Aymé, mettant en avant deux protagonistes très différents. L'un veut s'enrichir et profiter de la situation, l'autre veut juste améliorer son ordinaire.

Deux monstres du cinéma français : Bourvil et Gabin, qui inondent le film de leur talent ! Bourvil est exceptionnel de subtilité face à un Gabin charismatique avec ses gueulantes d’anthologie.La relation de ses deux personnages apporte au film son aspect jubilatoire. Le film est historique, réaliste mais possède de grands moments de comédie douce-amère. Les plus jouissifs étant les apparitions de Louis De Funès qui va dans ce film composer un personnage qui ne le quittera plus. Véritable tremplin qui le propulsera en tête d'affiche quelques années plus tard, c'est dans ce film qu'il parvient à s'imposer, le temps de quelques minutes, au même rang que Gabin et Bourvil.

Dans leur périple à travers Paris, nos héros vont croiser toutes sortes de personnages, collabos, résistants et citoyens lambdas et se feront même arrêter par la Kommandantur. De la Paranoïa et de la colère au service d'une histoire frénétique et exaltante.

Véritable road-movie dans un paris sous l'occupation, l'esthétique renvoie à style expressionniste renforcé par un Noir & Blanc très contrasté et permet de faire une satire des classes sociales de l'époque dans un contexte de soumission et d'agressivité que l'on prend plaisir à voir et à revoir.