Ce documentaire dénonce le fonctionnement des paradis fiscaux (états ayant une fiscalité très faible, pratiquant le secret bancaire, disposant de nombreux établissements financiers et d’une situation politique stable), la collusion des gouvernements avec les multinationales et l’hypocrisie de leurs discours face aux représentants du peuple. L’O.C.D.E. (Organisation de Coopération et Développement Economique) qui regroupe 38 pays (riches), y est qualifiée de pompier pyromane car ses recommandations ne servent qu’à gagner du temps, vu que la lutte contre l’évasion fiscale date d’au moins 50 ans. Le film, auquel collabore Denis ROBERT (qui avait enquêté en 2001 sur le soupçon de blanchiment d’argent de la société de compensation luxembourgeoise Clearstream) débute en rappelant les conséquences de la pandémie de Sars-Cov-2 qui outre, les 6 millions de morts, a révélé les faiblesses des services de santé partout dans le monde et bien sûr en France. Ce manque d’argent et de personnel est justifié par les gouvernants (dont Emmanuel Macron et Theresa May) en raison de l’absence d’argent magique qui justifie leur inaction. Auparavant, il y avait eu la crise des subprimes en 2008 et dont les banques étaient, à la fois, à l’origine et victimes. En 2014, survint le scandale des « Luxembourg Leaks » qui concernait 340 multinationales avec l’aide du cabinet PricewaterhouseCooper (PwC). Il apparut quelques jours après la nomination de Jean-Claude Junker à la présidence de la commission européenne alors qu’il avait été Premier Ministre du Grand-Duché du Luxembourg de 1995 à 2013. En 2016, les « Panama Papers », suite à une fuite de documents confidentiels, révélèrent les pratiques (« Le guide du roublard ») du cabinet panaméen Mossack & Fonseca, dans le montage de sociétés écrans dans des paradis fiscaux, au profit de milliardaires, d’hommes politiques (de 7 pays) et de sportifs, ce qui poussa les hommes politiques à demander la levée du secret bancaire et la publication de la liste des paradis fiscaux (au nombre qui varie au cours du temps et dont le signalement ne se traduit par aucune sanction). L’O.N.G. « Tax Justice Network », fondée en 2002, évalue le nombre de paradis fiscaux à 80-90 (les îles Cayman mais aussi le Delaware, le Dakota du Sud, le Wyoming aux Etats-Unis), l’évasion fiscale étant un « sport de riches » (évaluée à 7 000 milliards), qui représentent 8 % des utilisateurs des paradis fiscaux. L’Union Européenne n’est pas en reste avec les techniques du « Sandwich hollandais » et de la « Doublette irlandaise » qui exploitent les différences de taxations entre les pays européens. Le documentaire rappelle que les cabinets de conseils (PwC, KPMG, Deloitte et Ernst & Young, surnommés les « Big Four » ou « Big Fat ») qui favorisent l’optimisation fiscale pour les milliardaires et les multinationales, sont également les mêmes qui conseillent les gouvernements pour l’élaboration des lois fiscales. Certes, il y a quelques politiques qui résistent telle la Danoise Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, qui a infligé des amendes à Apple (13 milliards € en 2016) et Google (en 2017). Le documentaire, avec voix off, est très pédagogique et montre 2 extraits de films : « Mille milliards de dollars » (1982) d’Henri Verneuil et « Le capital » (2012) de Costa-Gavras. Il fait preuve, aussi, de beaucoup d’humour (dès le générique avec l’insertion des symboles €, $ et £ à la place des lettres E, S et L. On rit… jaune car l’évasion fiscale se fait au détriment des citoyens lambda. Elle est estimée en France à 100 milliards € en 2018, soit 1/3 des recettes fiscales et l’équivalent de l’impôt sur les revenus. Pourtant la dette de l’Etat n’est pas nouvelle et déjà le Premier ministre (1976-1981), Raymond Barre (1924-2007) voulait s’y atteler, ainsi que ses successeurs mais toujours au détriment des citoyens. Les hommes politiques enfument les électeurs en répétant des fausses vérités comme des mantras. On oublie qu’aux Etats-Unis, sous la présidence (1933-1945) de Franklin D. Roosevelt (1882-1945) et jusqu’en 1960, les revenus étaient taxés à 93 % au-delà de 25 000 €. Depuis les présidences de Ronald Reagan (1981-1989) et Donald Trump (2017-2021), cela a bien changé…