Un inspecteur de police, qui cache sa bisexualité à sa femme, enquête sur le meurtre du tenancier d'un cabaret de travestis. Il va rencontrer un jeune homme dont il va tomber amoureux, mais qui sera impliqué dans ce crime.
Sortir ce film en 1984, alors que le Sida commençait à faire des ravages, au point de pointer du doigt les homosexuels comme supposés responsables, est un sacré pari en soi tenu par Yannick Bellon. Mais le fait est que, en dépit de la laideur de l'image, La triche parle non seulement d'une enquête policière, dont on sent qu'elle n'intéresse guère la réalisatrice, au profit d'une plongée dit interlope. Celui de la nuit, des cabarets, dont un étonnant sosie de Dalida, mais la force de la réalisatrice est de ne jamais montrer ces personnes comme des folles tordues ; on sent un grand respect de sa part. A l'image de Michel Galabru, la victime, qui est montré comme un homme très doux, contrairement à son frère, également joué par Galabru (!) qui se méfiait de cet homme parce qu'il était différent.
Même si on peut regretter que le rôle de Anny Duperey ne soit pas plus développé, l'autre surprise est de montrer Victor Lanoux, qu'on connait davantage dans des rôles plus virils dirons-nous, jouer avec une grande subtilité ce policier à double visage. Notamment quand il rencontre à plusieurs reprises ce garçon blond comme les blés joué par Xavier Deluc où on verra d'ailleurs jamais de scèneintime. Comme souvent chez Yannick Bellon, le film est quasiment avant-gardiste sur l'évolution de la société, et malgré la banalité de sa mise en scène, qui ne met pas en valeur Bordeaux, ni l'image très moche, La triche se veut un polar assez différent, plus doux.