La Troisième Partie de la Nuit est un film profondément marqué par la Seconde Guerre mondiale ; Andrzej Żuławski se place en pleine occupation allemande de la Pologne, et nous fait suivre Michal, qui a rejoint la résistance après le meurtre de sa famille par les soldats nazis. Dans les rues de Cracovie, il rencontre le sosie de sa femme et commence alors à perdre le fil de la réalité, sujet à diverses visions, en plus de l’oppression militaire. Le récit devient plus glauque lorsqu'il participe à un labo clandestin, attelé à développer un vaccin contre le typhus en laissant des poux se gorger du sang des cobayes, en échange de papiers leur évitant d'être déportés, arrêtés et d'avoir des rations supplémentaires. L'ambiance est énigmatique, partagée entre références bibliques, dialogues cryptiques et scènes plus dérangeantes, comme cet accouchement explicite où les démangeaisons ressentis lors des gros plans sur les poux qui grouillent. Il faut reconnaître que la mise en scène est maîtrisée pour un premier film, avec un réel sens du rythme et de l'accompagnement des personnages, tout en mettant en valeur l'environnement. Pour cela, la photo monochrome mais ciselée fait forte impression, et on note une grandeur dans le choix des décors intérieurs, souvent tournés vers l'art. On ne peut s'empêcher d'y voir un peu de Tarkovsky, dans cette trame qui demeure volontairement obscure, portant des réflexions philosophiques sur la moralité et la vie.