Viviane est une bourge qui s'ennuie, de passage en Nouvelle-Guinée, qui va rencontrer un groupe d'hippies. Ce qui l'intéresse, elle, c'est d'obtenir des plumes d'oiseau rare. Ce qui les intéresse, eux, c'est d'atteindre la Vallée, une région de la forêt « noyée dans les brumes » qui est restée vierge sur la carte. Mais en fin de compte, le but est moins important que le chemin pour y arriver...
Bulle Ogier, la femme du réalisateur Barbet Schroeder, est parfaite en Viviane : ni trop bourge caricaturale, ni trop ingénue, elle incarne une personnage réaliste pour l'époque. Olivier, le bel anglais avec qui elle se liera, est incarné par l'acteur anglais Michael Gothard. Il réalise malgré son accent anglais prononcé une prestation honnête mais facile puisqu'il est constamment tout en retenue.
On passe par tous les passages obligés de films hippies : la découverte de l'amour libre, une expérience psychédélique, le retour à la nature... mais c'est ici présenté sans avidité, sans urgence, comme un juste enchaînement dans l'ordre naturel des choses, presque en toile de fond. Le film devient assez contemplatif dans les scènes avec les tribus locales. On pourrait parler de longueurs mais il faut aussi replacer le film dans son époque. Il y a clairement de la substance dans ce film, et la morale du film est impeccable : les tribus du film ne sont ni magnifiées ni dénigrées, le but du voyage représenté par la Vallée n'est pas non plus présenté comme un graal mystique, mais comme un objectif concret et beau qu'on se doit de faire désirer pour le magnifier spirituellement. Une belle leçon de vie.