Le titre de critique fait penser à un western, et vous vous dites alors : mais Ugly n'est-il pas entrain de déconner, il nous parle de Far West et de dinosaures ? En réalité, si l'on regarde attentivement l'intrigue de la Vallée de Gwangi, on a le droit de sourire tant le mariage entre de grosses bestioles préhistoriques et le western semble incompatible. Le film n'a que l'apparence du western, parce qu'on n'y voit ni Indiens, ni ranch, ni troupeau, mais il existe une vallée perdue très reculée où vivent des bêtes préhistoriques, et on voit des cowboys capturer au lasso un allosaure qu'ils emmènent dans une cage improvisée et qu'ils vendent à un cirque local pour l'exhiber comme attraction foraine, on le force à combattre un éléphant. On devine la suite : des gitans le libèrent et il va semer la panique en ville.
Vu comme ça, on se dit que ça doit être complètement tartignolle, mais au contraire, c'est une petite perle produite par Charles Schneer qui s'est associé dans les années 50 et 60 à Ray Harryhausen, le magicien de la stop motion, et à qui l'on doit de beaux succès dans le genre fantastique-aventure comme Jason et les Argonautes, L'île mystérieuse ou le Septième voyage de Sinbad... De même que James O'Connolly n'a réalisé que peu de films, mais il reste dans la mémoire pour ce petit chef d'oeuvre dont l'intrigue se limite à lier entre elles les séquences d'effets spéciaux mis au point par maître Ray.
Malgré une allure un peu saccadée dans les mouvements, on reconnait son style et sa technique d'une perfection superbe et de facture naïve mais pleine de charme, un charme à jamais disparu, celui d'une époque bénie où les studios offraient encore des Fx qui faisaient rêver en enflammant l'imagination, on est loin des affreuses bouillies de CGI des blockbusters d'aujourd'hui.
Ce qui fait l'intérêt et la perfection de Ray Harryhausen, c'est l'invention de son propre procédé, la Dynamation, technique qui consistait à filmer en décors réel des acteurs face à une créature invisible, puis projeter sur un verre dépoli les images filmées une par une sur chacun des mouvements d'une marionnette. Avec une autre caméra, on enregistre les 2 images superposées. Quand on voit ce que cette simple technique peut donner dans les mains expertes de maître Ray, on ne peut qu'être émerveillés.
Le résultat donne donc un film fantastique qui par sa structure, peut rappeler un peu King Kong, mais qui contient quelques scènes bien réalisées comme celle d'un combat tricératops contre tyranosaure, et la vision du plus petit cheval du monde. Les acteurs font le job mais savent bien que c'est pas trop eux que le public va regarder, d'où le fait que ce genre de film emploie des castings modestes, on reconnait ici James Franciscus qu'on retrouvera l'année suivante dans le Secret de la planète des singes, Richard Carlson et Laurence Naismith qui allait devenir le juge Fulton dans la série Amicalement Vôtre.