Six ans avant d'être l'ordure Einar dans Les Vikings, Kirk Douglas a été l'anti-héros Jim Fallon, homme d'affaires cupide et sans scrupules capable de tout faire pour s'enrichir.
Prenant la loi comme appui pour faire couper tous les arbres dans une forêt de Californie, il se fiche pas mal de la menace qu'il représente pour les habitants de la forêt (et autres communautés s'en servant comme lieu de refuge) contrains de quitter leurs maisons sans être dédommagés financièrement voire être menacés de mourir brutal sous l'écroulement progressif des arbres.
Cependant, malgré son besoin constant de bénéfices financiers, Jim possède quelques principes et ne veut pas être responsable de pertes humaines pour une poignée de dollars.
Quand son seul ami meurt à cause de sa cupidité et qu'Alicia Chadwick (Eve Miller) lui dit qu'il n'a pas de coeur, des larmes couleront sur ses joues et il fera tout pour réparer ses erreurs en tentant d'aider les habitants (et communautés) de la forêt en s'unissant avec eux détruisant ses propres constructions ferroviaires et trains déplaçant les pauvres troncs écroulés; ainsi que s'en prendre à ses anciens associés aussi peu scrupuleux que lui avant qu'il n'ait décidé de changer de camp.
En dehors du talent de Kirk Douglas rendant brillamment Jim Fallon antipathique donnant au spectateur l'envie d'entrer dans l'écran pour l'étrangler, les autres acteurs sont plus que crédibles plus particulièrement Eve Miller qui parvient à rendre crédible le personnage d'Alicia Chadwick qui avait tout pour être niaise en nous montrant que l'empathie peut avoir du bon tout en sachant mettre de côté cette dernière quand cela est nécessaire.
...comme le moment où elle n'a aucun regret d'avoir accidentellement brûlé le lieu de travail de Jim Fallon.
Edgar Buchanan est également convaincant dans le rôle de Walter "Yukon", seul ami de Jim persuadé qu'il y a du bon en ce dernier malgré le fait qu'il ne paraisse être rien de plus qu'un baratineur et un véritable salaud et essaie de le (ra)mener tant bien que mal dans le droit chemin.
Et si finalement, c'est Alicia Chadwick (femme que Jim admire pour son caractère à la fois empathique tout en ayant un côté "Je ne me laisse pas faire") qui ramènera Jim dans le droit chemin en le traitant de monstre sans-coeur, la mort de Yukon (qui a tenté de le protéger) sera le premier élément déclencheur qui lui fera prendre conscience du monstre qu'il est.
Etrange coïncidence, L'homme qui n'a pas d'étoile sortira trois ans après La vallée des géants. Film qui reprend le même propos anti-capitaliste en remplaçant les employeurs de bûcherons par des ranchers et les habitants et communautés de la forêt californienne par des fermiers avec Kirk Douglas ayant également le rôle principal; sauf que le héros, Dempsey Rae, est le total opposé de Jim Fallon qui aura de l'empathie pour les fermiers dès le départ et qui décidera de les aider contre les ranchers pour qui il n'a jamais eu aucune sympathie.
Sauf que contrairement à L'Homme qui n'a pas d'étoile qui ne mettait pas bien les fermiers victimes des ranchers ainsi que les ranchers eux-mêmes en avant, La vallée des géants, bien que n'ayant pas un scénario très original, transmets bien mieux son message anti-capitaliste en montrant la nature comme un personnage à part entière subissant la cruauté humaine en montrant les arbres s'écroulant sur le sol tels des victimes d'assassins leur tirant une balle dans le dos au même titre que les habitants (et communautés) tyrannisée et menacée par la cupidité des humains ne pensant qu'à s'enrichir peu importe quel sera l'état de la nature dans le futur.
Cupidité qui provoquera la mort du père d'Alicia ayant voulu rester dans sa maison en forêt se fichant bien de la menace qui pesait sur lui à ce moment-là.
Peut-t-on voir le film comme un message écologiste en avance sur son temps?
Quoiqu'il en soit, je vous conseille vivement de le voir car il vaut le coup d'oeil
Les seuls défauts que je trouve à ce film est que la rédemption de Jim Fallon arrive bien trop tardivement dans l'histoire (à la 70e minute dans un film qui en dure 90) ainsi qu'une scène d'action qui, bien que réussie dans l'ensemble (malgré un passage daté au niveau visuel) qui ne dure que 10 minutes alors qu'elle en aurait méritée 10 ou 15 de plus.