Malgré toute ma curiosité passionnée pour le cinéma bis, je ne m'étais jamais plongé, si je puis dire, dans les films de Russ Meyer et des jolies poitrines composant l'intégralité de ses castings. Quelle erreur !
Réalisateur majeur, si ce n'est totémique de la sexploitation, qui a vu le cinéma américain se débarrasser de son carcan prude, il signe ici une curieuse critique de la société du spectacle.
Kelly, Casey et Pet sont les artistes du groupe de rock féminin « The Kelly Affair ». Harris est leur manager, c’est aussi le petit ami de la chanteuse, mais le groupe peine à décoller. Ils décident d'aller à Los Angeles rejoindre la tante de Kelly, riche héritière et patronne de mode. La riche Susan va les prendre sous son aile, et les présenter à un producteur fantasque, Ronnie. Grâce à lui, c'est le succès mais avec les inconvénients et les désillusions qui vont avec. La la land l'a redit il n'y a pas si longtemps, il y a toujours un prix à payer pour ses rêves. Surtout à Los Angeles.
A la confluence de différentes genres, comédie, film musical, drame, érotique ou horrifique, Beyond the valley of dolls est un film assez atypique, tour à tour renforcé ou affaibli par son mélange des genres. Il peut être subversif, mais aussi ranger ses jouets avec une morale sauvée juste avant la fin du film (mais le spectateur qui connaît le réalisateur n’est pas dupe). Premier et second degré se mêlent, et il y a dans le ton du film, quelque chose de baroque et d'onirique, perturbant une réalité fragile. A l’image de cette société du spectacle basée autant sur les promesses que les mensonges. Une aura qui n'appartient qu'à ce film, à défaut de pouvoir la définir.
Beyond the valley of dolls est un film surprenant, et qui bénéficie d'un casting féminin assez fort, où les actrices ne comptent pas que sur leurs poitrines pour exister à l'écran, elles ont une véritable présence. Certes, beaucoup de seins ou de corps dénudés apparaissent à l’écran, mais filmés avec une sensualité qui n'a rien de vulgaire, et ce n'est pas la seule qualité du film. Si je devais n'en choisir qu'une, ce serait l'étrangeté dans lequel il nous emmène, entre différents genres, différentes tonalités. Comme dans un rêve, pour le spectateur, comme dans un cauchemar, pour ses personnages.
Le film devait être une suite de Valley of dolls, mais un procès obligea les producteurs à en modifier quelques points. Beyond the valley of dolls est considéré comme un film atypique dans la filmographie de Russ Meyer, il ne me reste plus qu'à découvrir le reste. Un bien noble but.