Le jeune Francis Ford Coppola, qui n'a pas encore vraiment trouvé sa voie dans le cinéma, se voit confier la réalisation de la comédie musicale La Vallée du Bonheur où la tête d'affiche n'est autre que Fred Astaire. Il a alors 69 ans durant le tournage et en est au crépuscule de sa carrière jouant ici pour la dernière fois dans une oeuvre de ce genre qui a fait sa renommée durant si longtemps.
Autant le dire tout de suite, La Vallée du Bonheur n'est qu'une anecdote dans l'immense carrière de ces deux-là, qui ne s'entendront d'ailleurs pas du tout durant le tournage. Effectivement, Fred Astaire n'aimant pas les méthodes du futur metteur en scène d'Apocalypse Now qui a, entre autres, viré son chorégraphe et souhaitait tourner en décors naturels. Ici, il mélange musique et fantastique dans un ton très léger et limite psychédélique, nous emmenant dans la recherche d'un eldorado par un père et sa fille venus d'Irlande.
Si je n'ai pas forcément du mal à adhérer aux comédies musicales (bien au contraire même), ici ça ne passe pas du tout, bien trop long, lourd et ennuyant malgré quelques très bons passages, de bonnes idées et une certaine bonne humeur qui sait se faire contagieuse par moments. Dès la première scène, Coppola met en place une ambiance un peu naïve guère prenante et ne nous transporte jamais vraiment dans cette vallée du bonheur très colorée, avec cette histoire guère intéressante, tout comme les personnages qui ont tendance à cabotiner et parler dans le vide, ainsi que des chansons et chorégraphies rarement transcendantes malgré une ou deux qui font quand même leur petit effet.
C'est dommage car il y avait de l'idée et matière à faire bien mieux si Coppola ne s'était pas montré aussi maladroit (avec quelques petites fautes de gouts d'ailleurs). Fred Astaire et Petula Clark sauvent un peu le film, il est toujours en forme malgré son âge, sait même se faire un peu émouvant sur la fin tandis qu'elle lui rend plutôt bien la réplique, apportant sa fraicheur et beauté à l'ensemble, et ce n'était pas de refus. On peut aussi noter une comédie qui tente d'être dans l'air du temps avec les combats pour l'émancipation, notamment des noirs, ou même la culture du cannabis !
M'enfin, ça reste quand même bien trop fatigant toute cette mièvrerie et ces longueurs, malgré quelques bonnes choses à commencer par un duo Petula Clark/Fred Astaire qui marche bien. Bientôt Coppola deviendra le parrain du Nouvel Hollywood, Fred Astaire enchaînera quelques derniers rôles, dommage que cette rencontre ne tienne pas toutes ses promesses...