Une vallée de larmes
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Voici un film totalement méconnu, voire oublié, probablement en raison de son réalisateur James Clavell qui a réalisé très peu de films, plus sûrement en raison de son contexte historique. Clavell est plus connu comme scénariste et écrivain, on lui doit en effet les scénarios de la Mouche noire, la Grande évasion, Mission 633 et Station 3 ultra secret pour les plus importants, de même qu'il est l'auteur de la saga Shogun qu'il adapta pour la télévision en 1980 et dont fut tirée une version cinéma.
Je parlais du contexte historique, c'est celui de la guerre de Trente Ans qui ravagea l'Europe au début du XVIIème siècle (l'action se situe ici en 1618), ni plus ni moins qu'une guerre de religion précipitant la chute des Habsbourg en opposant les catholiques français, espagnols et autrichiens aux protestants suédois et hanovriens, c'est une guerre aux ramifications compliquées dont personnellement je n'ai jamais compris le sens, mais qui est considérée comme un des conflits les plus sanglants et les plus cruels de l'humanité. Beaucoup d'historiens ont dit que les guerres de Religion avaient fait plus de dégâts que la guerre de Cent Ans au Moyen Age, et je serais assez d'accord.
Ce qui est intéressant, c'est que ça a donné un beau film, il est d'ailleurs surprenant de voir que ce thème historique rarement traité à l'écran, soit abordé par une production américaine. L'autre surprise, c'est la réussite de la reconstitution historique, évoquant un passé peu connu, avec une esthétique inspirée des tableaux flamands du XVIIème. Ce réalisme s'accompagne d'une signification symbolique qu'avait expliquée James Clavell, car l'action de ce récit aurait très bien pu avoir pour cadre une autre époque et d'autres lieux. De ce fait, la dénonciation de la violence guerrière, de la sauvagerie, des préjugés, du fanatisme religieux et de la volonté de puissance par les armes s'applique-t-elle à notre époque contemporaine, à travers l'histoire de cette vallée symbolique où la fureur aveugle se déchaîne.
Malgré quelques petites longueurs de l'action et quelques faiblesses de scénario, le film conserve son intérêt soutenu par une superbe musique de John Barry et une remarquable interprétation dominée par un Michael Caine en digne et noble capitaine de guerre, et Omar Sharif qui ne pense qu'à la paix et à l'unité. Le tournage qui a eu lieu dans une belle vallée du Tyrol, ajoute à l'authenticité du décor et du propos.
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Créée
le 1 avr. 2020
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