En quête de chef-d'oeuvre, je trouvai un jour, avec le plus grand étonnement, le DVD de la Valse dans l'ombre à un prix exagérément abordable alors que je venais quelques jours plus tôt de formuler le souhait de le visionner. Comprenez bien que ce fut là le destin, qu'une force supérieure de la cinéphilie m'avait mené jusqu'à ce bijou dans le but express que je répande la bonne parole que voici :

CE FILM EST GENIAL ! Des images superbes, des plans inoubliables (ah ce baiser sous la pluie !), des décors incroyables (la ville de Londres vue du pont), un aguichage constant de la rétine. Rien que ça pour moi, ça vaut le détour.

Mais c'est qu'on n'en reste pas là ! A ces qualités plastiques, s'ajoutent les qualités d'un scénario plutôt pas mal, voire même excellent vu qu'il a réussi à jouer avec mes nerfs tout le long. Dans le fond on se doute peut-être de l'issue de cette histoire, mais on ne peut s'empêcher d'espérer, de partager l'espoir des personnages et de fantasmer une fin. Il y a du tragique là-dedans, tragique au sens classique : le bonheur est là à portée de main, mais il s'en faut de peu pour qu'il soit compromis. C'est l'hamartia antique. Ce film partage la même vision d'un destin omniprésent que la tragédie classique. Les choses sont impossibles à cause des événements, et dès que l'on essaie de forcer le destin, cela ne fonctionne pas (comme lorsque Myra arrive chez Roy).

Ce film est extrêmement immersif, on éprouve ce qu'éprouvent les personnages : de l'espoir, du désespoir, de l'attendrissement ; en même temps que l'on veut s'identifier, que l'on souhaiterait se projeter. Bref, j'en suis en quelque sorte tombé amoureux, j'ai pris l'histoire à coeur, j'ai senti les personnages vivre. Alors ces personnages justement, incroyables ! Très consistants tout en participant à un cliché idéal : celui de la jeune fille honnête et vulnérable, celui du gentleman sûr de lui. Deux acteurs impeccables pour deux personnages pleins de charme, qui ajoutent tous deux une vraie personnalité à des stéréotypes qui auraient pu s'avérer fades.

Et cette histoire d'amour ! Une ode à l'amour pur, à cet amour idéalisé tant dépeint par nos chers Romantiques. Ce qui aujourd'hui ferait tout de suite neuneu et fleur-bleue passe extrêmement bien à une époque où l'on n'a pas tout à fait épuisé les codes du genre, genre qui, pour moi, semble d'ailleurs connaître son apogée avec un film comme celui-ci. Un modèle. Alors on pourrait en vouloir comme moi à Myra, on pourrait avoir envie de lui mettre une bonne paire de claques et de lui dire de se réveiller et d'aller tout avouer à Roy. Oui mais non. Je l'ai dit : on est du côté de l'amour pur. Myra ne veut pas souiller ce lien si extraordinaire, elle veut garder intact un amour infini quitte à mourir. C'est cohérent finalement, et c'est même là que réside une bonne part de la beauté de ce film. Nous ne sommes pas dans la réalité, mais dans un rêve sublime, dans un fantasme fou qui nous remue violemment.

Bref, un film à découvrir. Cyniques désabusés, passez votre chemin (quoi que je pourrais le conseiller en usage thérapeutique) !
King-Jo
10
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le 21 févr. 2013

Modifiée

le 21 févr. 2013

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King-Jo

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