Un vieil architecte victime d'une maladie incurable se rend dans un vieux motel qu'il a construit avec son épouse dans les années 60 pour y mourir de façon assistée. Esperanza, l'assistante de l'association, digne et professionnelle, assiste le futur mort mais le témoin obligatoire prévu manque à l'appel. Heureusement, un prostitué officiant dans la chambre voisine pourra,entre deux passes, le remplacer au pied levé...
Pfff vous entends-je soupirer, encore un film bien glauque qui ne va pas nous remonter le moral ! Détrompez-vous ! Le cinéaste suisse actuel le plus prolifique évite soigneusement de tomber dans le sinistre. Le regard qu'il porte sur cette histoire un brin décalée, peut s'enorgueillir de distiller une très agréable philosophie de vie ainsi qu'un humour tendre et complice. Sans tomber dans la pochade lourdingue, son film singulier, original dans un paysage formaté, accroche l'oeil et l'esprit.
Ce vieil homme, formidablement interprété par Patrick Lapp, dont on pense que ce qui lui reste à vivre ne sera qu'une suite terne de gestes techniques et déterminés, verra ses derniers moments troublés par l'intrusion de la vie, cette coquine qui met du désir, du plaisir, de la curiosité et de l'inattendu n'importe quand. Thanatos et éros feront un drôle de mélange, amenant notre candidat au trépas dans des zones insoupçonnées, celles d'une liberté que l'on n'osait s'accorder jusque là. On retrouve donc un thème déjà développé par Lionel Baier ( revoir "Les grandes ondes" , son précédent long-métrage), mais cette fois-ci intégré dans un projet plus esthétiquement pensé. Et c'est peut être ici que le bât blesse un petit peu. Alors que le dévoilement progressif de chacun des protagonistes permet à l'intrigue de constamment rebondir, changer de direction, la mise en scène, coincée par un décor de studio à la fois pictural et triste, apparaît comme pesante et empreinte d'une grande théâtralité. La liberté (d'aimer, de mourir, de vivre ) qui bouillonne dans la tête des personnages se cogne au cadre d'une caméra un peu raide et à un décor très, trop soigneusement pensé.
La fin sur le blog
http://sansconnivence.blogspot.fr/2015/09/la-vanite-de-lionel-baier.html