Le naturalisme forcené dont fait preuve Morsay est fascinant, je m'aventure dans des conjectures un peu audacieuses mais il est très certainement un grand cinéphile fan de Rohmer, Buñuel, Kechiche, Loach ou encore Sang-soo.
La débrouille et le manque de moyens transpirent par tous les pores du film, réutilisation du même appartement 3000 fois, réutilisation systématique des 10 pauvres acteurs sur divers rôles, montage approximatif, mixage aux fraises, acteurs en galère totale (le patron de la police est énorme) ou encore la musique omniprésente faisant une entorse au caractère naturaliste de l'œuvre. Je ne vais pas parler des bruitages à la fin du film qui sont un point positif pour moi.
L'amateurisme incroyable notamment dans la partie de poker où il n'y a aucune vérification du nombre de cartes est caractéristique, mais il ne pose pas de problème fondamental tant le second degré dont fait preuve l'acteur-réalisateur Morsay est envoutant.
J'ai évoqué le naturalisme dans le premier paragraphe, si on suit la définition de Deleuze comportant notamment les notions de pulsions/fétiches, pour Morsay on peut déceler 2-3 fétiches, la bière pour les fachos, les fachos violents eux même d'ailleurs, les femmes et surtout la galère, cette fétichisation de la galère est un trope qui mériterait un article complet donc vous comprendrez que je n'ai pas la latitude pour développer, Zehef lors de son caméo parle de Truand 2 la Galère, tout est dit.
Le VRAI problème du film justifiant la note est le scénario, un film sans scénario ce n'est pas un problème, un film avec un mauvais scénario par contre est rédhibitoire. C'est l'indigence absolue de ce coté là, il n'y a pas d'axe, une juxtaposition de scène sans lien logique et sans conséquences : un personnage se fait tabasser par des fascistes, deux scènes plus tard il fait le dealer au poker, puis s'amuse en soirée, ce n'est que 30min plus tard qu'il vient parler de son altercations avec les skinheads, 10min avant la fin du film. C'est catastrophique, on aurait pu profiter d'une tranche de vie de galérien mais on se perd dans des circonvolutions inhérentes aux limites - pour être poli - des gens ayant travaillé sur ce projet.