Un péplum assez curieux qui commence comme s'il s'agissait de la suite directe d'un précédent film. Mais ça n'a pas l'air d'être le cas, ou alors des Travaux d'Hercule (1958) peut-être que je ne connais pas et dont le casting est entièrement différent de toute façon.
C'est assez déstabilisant puisqu'il faut un temps pour saisir qui est qui, qui fait quoi et où il se situe politiquement et stratégiquement les uns par rapport aux autres. La brouille est encore plus accentuée par une narration maladroite qui donne constamment l'impression qu'il manque une scène sur trois étant donné certaines ellipses brutales.
Il ne serait pas surprenant que les producteurs aient coupé de nombreuses scènes pour passer sous les 90 minutes, sacrifiant le sous-texte politique et mythologique pour mieux garder des scènes d'actions grotesques où le brave Hercule affronte le Cerbère, une chauve-souris géante puis un ours, tous munis des déguisements/trucages affligeants. Il fait tout de même face à un vrai éléphant même si la scène n'est pas spectaculaire pour autant.
Cottafavi est dans bien plus à l'aise quand il s'agit de filmer un décor (les enfers qui donnent quelques plans sympas ; la grotte sous les remparts) et donc les séquences où les méchants mettent en place leurs complots. Mais le meilleur moment, et de loin, est la scène où Hercule va défier la statue d'un dieu avec deux mouvements de caméra très originaux dont un panoramique vertical de 180° qui accompagne la démarche déterminée de son héros. Deux mouvements successifs qui inversent donc les repères spatiaux propulsant Hercule au plafond et qui symbolisent le moment où l'homme cherche à s'affranchir des Dieux pour suivre sa propre volonté. Et plutôt que laisser cette statue se briser toute seule, il préfère arrêter sa chute à deux reprises pour mieux la détruire lui-même. Un moment brillant que j'aurais aimé voir reproduit à plusieurs reprises dans le film même si on trouve quelques bonnes idées de réalisation (les flammes suivant les gestes d'une danseuse, des mouvements de grue bien utilisés). En tout cas, Cottafavi préfère humaniser son personnage plutôt que de verser dans le bodybuilding huileux. C'est louable mais comme le scénario, la cohérence et le rythme ne suivent pas, j'ai regardé ça de manière très détachée (et parfois consternée).
Le film est sorti aux USA sous le titre Goliath and the dragon où les distributeurs avisés l'ont bien tripatouillé avec de nouvelles séquences de bastons tout aussi nanars, beaucoup de coupes et un doublage qui prend de sacré liberté, ce qui n'arrange pas un casting déjà plus que limite dans sa version italienne.