La Vengeance du serpent à plumes constitue certainement le plus mauvais film de Gérard Oury, la faute à un scénario qui s’éparpille sans réussir à proposer une vision en kaléidoscope de l’engagement politique au sein d’une rébellion, engagement d’abord subi qui conduit Loulou à partir à la recherche de celle qui s’est jouée de lui pour enfin prendre parti. La multiplicité des registres, alliant le polémique d’enjeux géopolitiques propres à la France du début des années 80 à l’épique guignolesque, lors d’une séquence de course-poursuite tout droit sortie des westerns spaghetti, en passant par l’éloge d’une contre-culture faite de marginaux, s’incarne à l’écran par une défilade de vignettes qui jamais ne se complètent. En résultent une confusion générale, une impression de fourre-tout qui rend aussitôt suspecte la finalité morale, peu claire et perturbée par une écriture comique aussi légère qu’un éléphant dans un magasin de porcelaines.
Soucieux de tirer profit du succès populaire des comédies de dépaysement telles que La Chèvre (Francis Veber, 1981) et de la série Les Mystérieuses cités d’or, diffusées en France à partir de 1982, le long métrage gâche le potentiel de son cadre géographique et de la culture associée – l’Amérique de Sud – pour un n’importe quoi ni drôle ni récréatif, encore moins pertinent sur les groupuscules radicaux de son temps. Seule la musique de Michel Polnareff reste en mémoire et justifierait l’écoute – mais non le visionnage ! – de ce film raté.