Karaté à mort pour une poignée de soja...
The Chinese Boxer de son titre anglais, aka La Vengeance du Tigre autre titre français, est un vrai kung-fu fondateur qui met en vedette la première grosse star du kung-fu, avant Bruce Lee donc, Jimmy Wang Yu, le mec tellement connu mondialement qu'il croit lui-même qu'il est connu mondialement... Ce film reflète par excellence sa personnalité puisqu'il s'agit de sa première réalisation qui fait suite à ses grands rôles de héros à la Shaw Brothers. Wang Yu a toujours su comment divertir le public et ce film est aussi la marque énorme de son style : des méchants japonais méchants et pas beaux (Lo Lieh 4ever !) qui débarquent successivement dans une ambiance simili-Leonienne, une violence qui n'hésite pas à faire jaillir le sang pour le plaisir, un rythme élevé qui ne s'embarrasse que très peu de scènes d'exposition qui pourrait plomber le spectacle. Le spectacle ! Voilà qui caractérise Wang Yu, et dans sa grande mégalomanie, qui mieux que lui peut montrer le héros enragé et invincible qu'il souhaite porter au culte.
Chinese boxer est dans la même veine que son futur "Roi du Kung-fu" (aka "Le boxeur manchot"), sans ses excès comiques, ni son bras coupé puisqu'il s'agit ici de la technique de la main de fer. On ne trouve pas de moines Shaolin qui gonflent ou d'indiens qui marchent sur les mains dans Chinese Boxer. Même si le kung-fu y est encore plus mauvais, même si Wang Yu est encore plus pitoyable au niveau martial, le rythme et l'ambiance n'ont aucun équivalent à l'époque et font même encore mouche aujourd'hui. Les affrontements se suivent et ne se ressemblent pas. Que ce soit à mains nus, au sabre, dans la neige, au restaurant ou que sais-je, c'est très nerveux, Lo lieh est féroce, ses subalternes ont de sales tronches, bref le spectacle est sérieux, motivé et réussi. Mais ce qui frappe encore plus et ce qui contrebalance les chorégraphies totalement dépassées est la beauté formelle qui jaillit par moment. Le combat sous la neige le long du mur puis dans les hautes herbes par exemple fait preuve d'une mise en scène inventive et élégante qui rappelle presque les chambaras japonais. Un souci du beau bien plus développé que dans ses futurs films, "Le Roi du kung-fu" et le pitoyablement nanar "Bras armé de Wang Yu".
Même si Wang Yu garde cette maladresse dans la réalisation qui le caractérise, même si l'âge a bien entamé sa crédibilité martiale (il faut voir les coups de pieds de Wang Yu à 25cm du sol), Chinese boxer demeure un divertissement bien mené définitivement culte pour l'amateur.