La Vénus au vison, film qui a permis à la brillante Elizabeth Taylor d'obtenir le premier oscar de sa carrière, se révèle être une belle surprise pour ma part puisque je ne m'attendais à pas grand chose au vu de la notation.
Je me suis retrouvé complètement immergé dans cette histoire que j'ai trouvé passionnante du début jusqu'à la fin. La séquence d'introduction est fortement énigmatique et très bien réalisée pour introduire le personnage complexe de Gloria. On est donc face à une sorte de drame avec beaucoup de psychologie travaillant tous les personnages principaux que l'on rencontre.
Evidemment, le personnage de Gloria ne fait pas exception, il s'agit peut-être même du personnage le plus torturé. Plus le film se déploie, plus son histoire est touchante puisque l'on comprend les ressorts psychologiques à l'origine de ses diverses actions. Gloria est une femme profondément perdue qui ne sait pas réellement aimer, ce qui la conduit à enchainer de vaines rencontres amoureuses à répétition. Par ses capacités de séduction incroyables, elle se retrouve prise dans une boucle éternelle qui la fait passer pour une sorte de "prostituée de luxe" aux yeux des personnes qui la côtoient. Pourtant, Gloria ne cesse de lutter contre ce statut de "femme facile" mais ses marques psychologiques comme les scènes de sexe plus ou moins forcées qu'elle a vécue à ses 13 ans la marquent à vie. Elle n'en parlera d'ailleurs qu'à son ami Steve au cours d'une scène bouleversante.
Sa mère se sent impuissante face à cette situation et en souffre intérieurement sans pour autant connaître cette histoire. Elle met tout cela sur l'absence du père, mort aux 13 ans de Gloria, qui est également une des causes de son problème avec les hommes. Elle est donc rabaissée à cette condition et reçoit avec violence ce fameux manteau de vison qu'elle avait volée à la femme de Weston, symbole d'une femme qui se fait payer à chaque fin de relation de courte durée.
Si Gloria passe pour une femme sans vertu, elle en est pourtant très loin. On sent chez elle un souci d'attention envers certaines personnes qui restent importantes à ses yeux, comme Steve, mais qu'elle ne sait pas aimer de manière juste. Elle s'y prend mal pour lui montrer son affection et ne sait pas comment nouer une relation saine avec lui. Le personnage de Steve est quant à lui pris dans une situation complexe puisqu'il semble vouloir l'aider en tant qu'ami tout en ayant un fond de sentiment amoureux qui persiste envers elle, ce qui donne de beaux moments entre ces deux personnages.
J'ai aussi apprécié les petites notes musicales de jazz qui sont les bienvenue pour accompagner les moments de rencontres et discussions sérieuses.
En dehors de toutes cela, j'avoue avoir un faible pour Elizabeth Taylor, mais cette actrice est tellement remarquable qu'elle fait toujours monter grandement l'intérêt pour une œuvre. Il est possible que son rôle m'ait tellement pris que ma note augmente en conséquence.
Pourtant, ce n'est pas nécessairement sur ce film que je lui aurais attribué l'oscar même si cela peut se comprendre. Pour ce qui est de Qui a peur de Virginia Woolf ? c'est évident qu'elle le méritait, mais pour des rôles comme celui dans La Chatte sur un toit brûlant ; Cléopâtre ou même Reflets dans un œil d'or, elle aurait également pu en obtenir.
Je trouve la notation générale assez sévère compte tenu des qualités intrinsèques du film. On n'est pas face à une merveille de réalisation, ni face à un projet cinématographique d'une ambition extrême, mais tout est géré modestement et avec beaucoup de simplicité pour déployer correctement cette histoire. J'ai trouvé que le film sonnait complètement juste sur les multiples réactions des différents personnages que nous pouvons tous comprendre à leur échelle.
Pour tout admirateur d'Elizabeth Taylor ou tout passionné de drame à forte empreinte psychologique, je ne peux que vous recommander ce film qui est finalement passé inaperçu en-dehors du fait qu'il s'agisse du premier oscar de la meilleure actrice pour Liz.