Le cinéma a souvent exploité, avec plus ou moins de brio, la filière du héros tombé dans la déchéance en quête de rédemption. Sans être vraiment original dans ce domaine, et même "un brin" trop moralisateur, ' La vénus au vison' offre tout de même un personnage central captivant, en l’occurrence Gloria Wondrous. C’est une femme voluptueuse et magnifique, adepte du plaisir charnel, et joignable en appelant simplement BUtterfield 8. En plus elle ressemble à Elizabeth Taylor, ce qui est un atout considérable.
Les 40 premières minutes du film sont sans doute les meilleures, avec pour ouverture une scène pratiquement silencieuse où la jeune femme se réveille dans une chambre inconnue. Les dialogues sont ensuite incisifs, le rythme soutenu, le monde de Gloria se déployant peu à peu, et culminant dans la très belle scène du bar : elle y retrouve Liggett, à qui elle fait bien comprendre que c’est elle qui est le maître du jeu.
Le reste du film est moins bons, les bonnes scènes sont plus éparses. On peut cependant compter sur les moments chez la mère naïve de Gloria, assez savoureux, notamment grâce à l’amie de cette chère madame, qui loin d’être dupe, trouve son plaisir dans les insinuations moqueuses.
Une des faiblesses du film repose sur quelques personnages secondaires assez fades et aux rôles moralisateurs, à l’instar de la femme de Liggett ou de l’ami d’enfance de Gloria, joué (et c’est assez ironique) par Eddie Fisher. Mais je m’arrêterai là, trop en dire serait dommage.
La force du film c’est évidemment la superbe Liz Taylor, brûlant la pellicule qu’elle soit enroulée dans un drap, recouverte d’une simple nuisette, d’un magnifique vison ou d’une robe de cocktail. Séductrice féline à toute heure, femme au répondant mortel, parfois emportée par la douce brise de l’insouciance, souvent tourmentée par ses choix... Je pense que votre note finale dépendra surtout, comme l’a dit Ochazuke, de votre amour pour l’actrice.
Ce qui est intéressant c’est de faire le parallèle entre le film et la vie privée de l’actrice. Elle détestait le film pour deux raisons, premièrement parce qu’elle a été forcée de le faire, devant un dernier film à la MGM, et deuxièmement à cause de son rôle de prostituée mangeuse d’homme. Pour la petite histoire, Taylor venait d’épouser Fisher, « volé » à Debbie Reynolds, et les gens la traitaient de briseuse de ménages et autre veuve noire… Elle détestait le parallèle fait entre son personnage et sa vie privée, et quand on regarde le déroulement du film, on se peut demander si tout cela n’a pas été bizarrement orchestré par la MGM…
Je trouve que cette anecdote rajoute du piment à l’histoire, un peu comme quand on regarde « La piscine » alors que l’on connaît le passé de Schneider et Delon, fiction rejoignant réalité.
En frôlant la mort pendant le tournage de Cléopâtre, l’opinion publique s’est complètement inversée (que la foule est inconstante…). Elle reçut donc ce qu’elle appellera un « Oscar de sympathie » pour ce rôle. Sa prestation n’atteint peut-être pas les hauteurs de Maggie the Cat ou de Martha, mais on a vu de bien moins bonnes performances recevoir la fameuse statuette alors…