J’ai décidé de réécrire cette critique parce que, rédigée il y a longtemps, je trouve qu’elle ne reflétait pas vraiment la raison de mon amour pour ce film.
Quand je repense à Indiscrétions, ce qui me vient à l’esprit c’est sa perfection. Il n’y a rien à enlever, rien à ajouter et rien à modifier dans ce film. Chaque scène a sa place, chaque réplique a un but, chaque personnage est parfaitement travaillé. Il n’y a rien que je changerais et ceci n’est pas le privilège de beaucoup de films.
Après quand on en vient plus spécifiquement aux acteurs, je ne vois pas comment Katharine Hepburn pourrait être plus parfaite! Complètement calqué sur elle, mais surtout sur l’image qu’elle reflétait en société, c’est le rôle qui lui a permis de revenir au plus haut sommet de sa carrière cinématographique. Hepburn qui joue Hepburn c'est formidable : la façon qu’elle a de s’adresser aux gens en relevant le menton de dédain, en articulant ses mots comme si chacun d’eux était une arme, n’a d’égal que sa capacité à faire apparaître sur son visage, en une fraction de seconde, une vulnérabilité touchante et des étoiles dans ses yeux.
Avec elle pour la tourmenter, on a l'élégance incarnée, Cary Grant, et le beau et nonchalant James Stewart (Grant et Stewart partagent d’ailleurs une scène hilarante de hoquet…). Avec un tel trio je ne vois pas comment on pourrait rater un film!
Pour les accompagner, une magnifique brochette de seconds rôles, hilarants chacun dans leur style, dont une gamine hyper futée (surtout quand elle fait son numéro de danse/chant au début!) et une photographe aux répliques cyniques mais pragmatiques, la formidable Ruth Hussey.
Après tout ce beau monde, ce qui m’intéresse c’est la cause du film. Il défend l’humain, la faille, la perfection dans le défaut, et je trouve ça chouette. Les gens sont souvent intransigeants envers le moindre problème, sans essayer de le surmonter ou de faire avec, ce qui est d’autant plus vrai aujourd’hui. Hepburn redevient humaine aux yeux du monde!
Ce qui est aussi amusant, c’est de voir que ceux qui s’en sortent, Dexter et Tracy, sont issus de la haute société, alors que George, le parvenu, repart bredouille. D’habitude ce sont toujours les riches qui en prennent pour leur grade et les pauvres qui obtiennent justice! Mais le film décide de ne pas catégoriser les gens par leur classe mais par leur humanité, et le parvenu a beau avoir trimé pour gagner son argent, ça ne fait pas de lui quelqu’un de meilleur.
Alors voilà, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus pour aller déguster la meilleure comédie du monde!