Kore Eda se plante en changeant de langue et de pays. C'est triste.

Les grands réalisateurs étrangers, lorsqu'ils tournent un film en France, semblent perdre une bonne partie de leur génie. Je ne connais pas d'exception à cette règle, qui a touché Kiyoshi Kurosawa, Asghar Farhadi, Abbas Kiarostami et bien d'autres.


Le mal touche maintenant un de mes chouchou, le japonais Kore-Eda.


Le début de La vérité est en tout point catastrophique : jeu approximatif des acteurs, dialogues artificiels, intrigue inconsistante, erreur de casting, péripéties ridicules, montage à la va-vite, scénario flottant. On a mal pour le réalisateur des formidables Notre petite soeur et Une affaire de famille.


Petit à petit cependant, le film se redresse quelque peu, grâce à une performance encore exceptionnelle de Catherine Deneuve, dont les prestations forcent de plus en plus le respect : au fur et à mesure que son corps s'use, ses sens semblent s'aiguiser.


La subtilité habituelle de Kore-Eda, faite d'une dureté impitoyable mêlée à la tendresse du regard, s'installe en fin de film et on retrouve dans les trente dernières minutes la patte du japonais (par exemple quand le personnage de Juliette Binoche écrit les répliques que prononcent la petite fille). La rivalité féroce des actrices se mêle alors à la douceur acidulée et dépourvue d'ambigüité du personnage de Manon : c'est le Kore-Eda qu'on aime, salé et sucré à la fois.


Malheureusement l'amélioration est trop tardive pour corriger la mauvaise impression du début.


http://www.christoblog.net/2020/01/la-verite.html

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le 15 janv. 2020

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