Quelle Sal*** ! ou l'impossible objectivité

Un très bon film qui porte sur le système judiciare de nos sociétés occidentales. Même si nous sommes bien mieux lotis que d'autres sociétés (je pense aux récents événements en Inde), Clouzot arrive à pointer du doigt les éléments les plus absurdes d'un procès.


Dès le début, la mise en scène insiste sur le côté théâtral du procès. Chacun porte le digne costume de sa fonction, certains jouent la comédie, les avocats discutent avant d'entrée en scène, ... Finalement, l'accusée (seule Humaine dans le tribunal) entre dans la salle et la pièce peut commencer.


S'enchaînent alors des bouts de récits racontés ça et là par les différents témoins. Chacun apporte son point de vue, sa vision des choses selon son propre vécu et sa propre morale.


D'un côté, il y a l'histoire racontée. Clouzot a préféré un récit linéaire et chronologique plutôt qu'un puzzle à reconstituer (aurais-je préféré ça ?). Il insiste bien sur la construction de la réalité par chacun. L'élément le plus important étant sans doute la continuité des dialogues malgré les coupures spatio temporelles. Ainsi, un personnage pose une question à un autre personnage dans la boîte de nuit et soudainement, celui-ci répond à la question dans la voiture. Cette imvraisemblance (pourtant présente dans beaucoup de films) appuie sur le fait que les propos sont rapportés et non véridiques.


D'un autre côté, il y a ce qui se passe au tribunal. On se rend compte que la plus grosse évidence peut ne pas être prise en compte alors qu'un détail futile peut influencer l'issue du procès ... Evidemment, ce genre de procès est encore rare de nos jours mais quand la bavure judiciaire prend place, c'est avec tristesse qu'il faut recoller les morceaux et rétablir la Vérité (Affaire d'Outreau, voir le film "Présumé coupable").


Et puis il y a moi, spectateur de cette farce. Je suis un peu maso car ce type de film m'intéresse beaucoup mais me révolte à chaque fois ("12 hommes en colère" avec une fin heureuse, "Présumé coupable" avec une fin triste, "Find me guilty" en comédie ou encore "The StairCase", petit bijou documentaire selon moi sans réelle fin). Que penser de tout ça ? J'ai mon propre avis sur la question. Cet avis dépend évidemment de tellement de paramètres : mon origine sociale, mon vécu, mes connaissances, ma naïveté, ... Toutefois, malgré le demi-siècle qui me sépare de ce film, beaucoup de conclusions peuvent encore être tirées sur le fonctionnement de notre société et la place de la femme dans celle-ci. Pour tout dire, à la fin du film, je n'étais même pas étonné de l'issue de l'histoire, je me suis simplement dit que c'était le chemin normal que devait prendre cette histoire ...


En résumé, je vois dans ce film une vive critique du système judiciaire ainsi que de notre société encore parfois trop machiste.

Nergal
9
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2015

Critique lue 232 fois

Nergal

Écrit par

Critique lue 232 fois

D'autres avis sur La Vérité

La Vérité
Velvetman
9

Je suis femme

Premièrement, le film est inspiré d’une affaire retentissante des années 1950 : celle de Pauline Dubuisson. Mais cette fois ci, Pauline est remplacée par un personnage fictif : celui de Dominique,...

le 20 oct. 2017

54 j'aime

5

La Vérité
JZD
9

Et mon mobile, tu l'aimes mon mobile ?

Alors voilà, passons sur les détails de l'histoire, c'est le procès de Dominique, qui a tué son amant, et le synopsis fera ça très bien ; c'est donc un film de tribunal et de flash-back, j'imagine...

le 21 août 2012

37 j'aime

La Vérité
EricDebarnot
9

The Walking Dead

1960, République française. Mais ça pourrait aussi bien être la France de Pétain, comme celle vue dans "le Corbeau". Un pays de rats, de vieillards haineux, médiocres, déterminés à tuer dans l'œuf...

le 9 oct. 2018

36 j'aime

Du même critique

La Vérité
Nergal
9

Quelle Sal*** ! ou l'impossible objectivité

Un très bon film qui porte sur le système judiciare de nos sociétés occidentales. Même si nous sommes bien mieux lotis que d'autres sociétés (je pense aux récents événements en Inde), Clouzot arrive...

le 6 oct. 2015

Polisse
Nergal
8

Etude ethnographique

Le film retrace parfaitement ce que peut être la vie dans la brigade de protection des mineurs (dite BPM). Tout passe au crible : relation entre les policiers, entre les différentes sections de...

le 25 août 2015

L'Homme irrationnel
Nergal
7

La recette miracle = philo + sexe

Aucun SPOIL (ou glissé subtilement) La patte de Woody Allen est évidemment très présente dans ce film. Dans un premier temps, au niveau du scénario. Un professeur de philosophie en pleine crise...

le 21 août 2015