Ce n’est pas parce qu’une idée est transposée au cinéma qu’elle gagne en pertinence. Et faire de tout attentat un acte d’amour, l’expression d’une solitude qui détruit pour mieux enfanter le bonheur par la reconstruction d’un vivre-ensemble semble une thèse idéaliste et naïve qui oublie les motivations haineuses, raciales, nihilistes qui, elles, n’ont rien d’une déclaration d’amour. Le principal défaut de La Vertu des impondérables est, comme souvent dans la filmographie de Claude Lelouch, la propension de tirer de sa réalité brute des leçons de morale sur le monde, pire de plaquer sur une forme, souvent expérimentale et ici digne d’intérêt, un corps de doctrine qui écrase la spontanéité du geste artistique.
Car la construction en échos du long métrage, commençant par la tragédie pour mieux la faire résonner et en dévier la trajectoire depuis l’effroi vers l’espoir, suffisait à renouveler modestement le regard porté sur l’attentat, qui continue aujourd’hui de nourrir par ses images les journaux télévisés ; à quoi bon mettre dans la bouche de ses interprètes des tirades pleines de philosophèmes et de sophismes ? Le film louvoie entre une forme à l’état brut qui colle à la peau des personnages et que captent plusieurs smartphones d’une part, une théorie sur le bonheur et le pardon des plus artificielles d’autre part. Restent de bons comédiens et quelques scènes réussies.