La situation sanitaire de 2020 (et au-delà ?) nous a privés de la sortie en salles du cinquantième film de Claude Lelouch, inspiré d'une situation lui étant réellement arrivée ; le vol d'un de ses scénarios. Du coup, il a été diffusé directement sur Canal + en Juin de la même année, et je ne sais pas si c'est un cadeau, car c'est à mes yeux son pire film depuis Le courage d'aimer, soit depuis 15 ans.
C'est un film choral où, autour d'une fête se déroulant à Beaune, un attentat à base de voiture piégée va se produire, et bouleverser la vie des gens qui étaient présent ce jour-là. Aussi bien Elsa Zylberstein que Marianne Denicourt, Ary Abittan, Béatrice Dalle et Stéphane de Groodt.
Tout comme son précédent film, Les meilleurs années d'une vie, La vertu des impondérables (qui est la chanson du groupe au moment de l'attentat) est entièrement tourné avec un Iphone, tout comme le fait Steven Soderbergh. Autant dans le premier film, ça passait parce que la mise en scène était fixe, ici le téléphone (et non plus la caméra) est virevoltant, déformant les objectifs comme pour donner des têtes énormes aux personnages, et qui n'échappe pas à quelques accrocs techniques, en particulier lors des mouvements de foule qui suivent l'attentat. Quelque part, le fait de tourner avec quelque chose d'aussi léger est sans nul doute le rêve de Claude Lelouch, lui qui aime se faufiler dans la foule, à faire des mouvements de caméra improbables, là il est servi. Autant faut-il qu'il y ait une véritable légitimité dans l'histoire.
Mais le véritable problème est dans la direction des acteurs, que je trouve tous exécrables, participant au concours du plus gros cabotinage, avec Zylberstein qui a envie de sucer la bite de son mari (c'est elle qui le dit), Ary Abittan donc qui saute tout ce qui est féminin, Béatrice Dalle qui donne des conseils pour casser la gueule à un mec (ça peut servir), et Stéphane de Groodt qui tire une tête de Droopy. Marianne Denicourt n'est pas en reste aussi ; quelque part, son personnage est le coeur névralgique du film, car elle va écrire un roman sur cette tragédie, et veut partir à la rencontre des survivants. Mais avant cela, elle se fait voler sa voiture sur une aire d'autoroute, où était son ancien script (on rejoint l'histoire survenue à Lelouch)...parce qu'elle est allée faire pipi en laissant les clés sur le contact !
Néanmoins, il y a une seule bonne scène dans cette catastrophe ni faite ni à faire qui est la rencontre entre Zylberstein et Denicourt dans un cimetière ; c'est la seule qui sonne un tant soit peu juste.
Et par charité cinéphile, je ne parlerais pas d'Agnès Soral et Philippe Lellouche qui jouent deux flics comme moi je serais garagiste...
Au générique de fin, on s’aperçoit que le film a été réalisé à l'aide des étudiants d'une école de cinéma où Claude Lelouch donne des cours... sur Beaune. Sans doute que le budget n'a pas été très élevé, mais est-ce que ça justifie une direction d'acteurs à la rue, une réalisation digne de ce qu'on voit sur des stories Instagram ? D'une écriture paresseuse ? Pourtant, j'aime bien Claude Lelouch, et je trouvais que son film précédent était une très belle conclusion ; en tout cas, le post-scriptum est consternant.