Bien que les premiers plans en fassent douter (introduisant la situation de façon un peu artificielle, pour nous faire comprendre que l’action nous fait remonter dans le temps, à partir de 1974, ce qui parlera plus particulièrement aux portugais), oui il s’agit bien d’un film d’animation. Si on fait abstraction du personnage (réel) qui inspire la réalisatrice (pour son prénom) et dont elle fait non pas un pantin, mais une fausse silhouette matérialisée uniquement par la veste du titre, on s’intéresse plus particulièrement à l’animation. La veste rose sort d’un placard, lui-même mobilier d’une pièce où d’autres vêtements sont entreposés. Tout est dans des couleurs agréables et assorties au rose bonbon de la veste, au diapason de la chanson (avec refrain) qui accompagne les images (un air gai, chic et entrainant pour paraphraser Daniel Balavoine). D’ailleurs, ce sont des enfants qui chantent en chœur. Bref, on voit cette veste rose s’animer en chanson. Tout cela pour dire qu’à première vue, ce court métrage d’animation affiche tout de la version portugaise d’une séduisante comédie musicale, avec une réelle touche personnelle et moderne.
Mais…
A vrai dire, les paroles de la chanson nous font comprendre qu’il s’agit de tout autre chose. Rosa Casaco, le personnage symbolisé par la veste est connu comme ayant dirigé la police politique portugaise d’une main de fer, sous la dictature du général Salazar. Ses méfaits sont ici mis en scène de façon si ironique que le spectateur comprend rapidement que les belles couleurs et les airs entrainants accompagnent une sinistre chorégraphie. Les choix de la réalisatrice donnent beaucoup de force à son propos, en faisant sentir l’hypocrisie du personnage et de ses actions, avec une impressionnante fausse légèreté. Techniquement, le film est de toute beauté, tourné en stop-motion, avec des mouvements fluides, un dessin stylé aussi agréable que les couleurs et la musique. Et puis donc, il faut entendre les paroles (ou lire attentivement les sous-titres), car elles changent tout.
Un court métrage (9 minutes) de la portugaise Mónica Santos à regarder et écouter attentivement !