Après les glorieuses années 1970, et le soubresaut Le facteur sonne toujours deux fois, la carrière de Bob Rafelson ne sera plus jamais aussi flamboyante, avec un dernier film sorti en 2003. Pourtant, cette Veuve noire est sans doute sa dernière réussite, car elle anticipe avec quelques années d'avance ce que pourrait être Basic Instinct au féminin.
Une agente du département de la Justice s'interroge sur la mort soudaine et rapprochée de trois riches industriels, qui ont légué leur fortune à la même femme. Bien qu'on lui dit que ça n'est qu'une coïncidence, car l'identité de la personne change à chaque fois, cette agente trouve ça trop gros, et va suivre cette mante religieuse, qui est établie en Floride, où elle s'apprête à épouser un autre homme riche ; pour ce faire, elle va se faire passer pour son amie pour éviter les soupçons...
Theresa Russell incarne cette blonde fatale, au charme ravageur, face à l'agente Debra Winger, dans un thriller très 80's dans la forme, avec le travail sur la lumière de Conrad Hall où la Floride telle qu'est filmée fait carte postale. Quant au bel homme, il est incarné, ô surprise, par Sami Frey, toujours aussi ténébreux. On aperçoit même Dennis Hopper, une des victimes. Le film est très agréable à voir, flirtant parfois avec de l'érotisme soft, ou alors forçant largement sur les clichés, comme une scène de sexe près d'une cheminée ou une autre avec Frey (aux fesses toutes blanches) et Russell dans une piscine, voire l'évocation de l'homosexualité via une scène de bouche-à-bouche extrêmement évocatrice.
Après, il faut dire que si on a déjà vu des thrillers de ce genre, le suspens est assez vite éventé, avec une fin un peu moralisatrice, mais le film fait le job. Il n'y a d'ailleurs pas d'armes à feu, tout se résout simplement par la rhétorique, assez finement menée d'ailleurs. Après, il ne faut pas être allergique au style vestimentaire et capillaire des 80's, car si on aime les brushings, les bandanas sur la tête ou les vestes à épaulettes, on est servi.
Blague à part, c'est pas mal du tout, et ça sera en quelque sorte le baroud d'honneur de Bob Rafelson dans les films de qualité, car même s'il réalisera encore quatre films, la flamme ne sera plus là.