Il est difficile de critiquer cette œuvre sans être influencé par le triste sort de son auteur, et le fait que la réalisation de ce documentaire ait eue les conséquences que l'on connait.
Il faut avouer que l'ensemble est assez déstabilisant, le spectateur se retrouvant plongé dans l'univers des gangs salvadoriens sans passer par les habituels paliers de décompression, sans la moindre explication du contexte (si ce n'est un très bref écran noir et quelques lignes de texte). L'absence de voix-off par exemple, trouble quelque peu.
Durant une heure et demi, on suit le quotidien terrifiant des petites frappes des mafias locales, et le combat de certains pour s'en sortir, notamment par le biais d'une boulangerie artisanale de quartier.
On voit que Christian Poveda a réussi à nouer de véritables relations de confiance avec ces jeunes, filles et garçons, et ceux ci nous livrent en échange leur histoire, brute de décoffrage. Et c'est dans cette histoire contée par ses acteurs que la force du film réside : il est terrible de suivre les jours comptés de ces jeunes qui pour la plupart n'ont pas mauvais fond, mais qui sont pris dans un système qui les broie.
Le tout reste cependant assez brouillon et, même si l'image est belle, l'horreur de la situation rend le tout difficile à regarder sereinement. La caméra n'est ici qu'un œil inerte qui nous renvoie sans artifices une vision d'une tristesse infinie.