La Vie aquatique, ou le prequel de l'esprit complètement barré et suresthétique que l'on retrouvera dans The Grand Budapest Hotel (apothéose du talent de Wes Anderson). Le film nous fait rapidement dire que l'on aurait pu mieux faire : longueurs et dialogues de trop, des gaffes laissées à l'écran (Owen Wilson qui se pousse pour laisser passer le caméraman, un micro qu'un personnage tend à un autre heurte la caméra et la fait trembler...) et des acteurs qui ont été meilleurs ailleurs (notamment Bill Murray, qui semble ici nous resservir le jeu de Lost in translation, dommage...). Celui qui s'en tire probablement le mieux est Willem Dafoe, ici marin étranger qui ne comprend pas tout ce qu'on lui dit et qui a une attitude complètement dingue (lorsqu'il hurle en haut du bateau par exemple), il est très drôle et donne un souffle comique au film. Les animaux marins sont faits en stop-motion grâce à des miniatures, tout bonnement bluffant de beauté et de réalisme. Wes Anderson qui adore ce type d'animation (la descente en luge dans The Grand Budapest Hotel) montre qu'il maîtrise voire survole les difficultés qu'elle impose en temps normal. L'histoire est, comme tout film d'Anderson, originale avec la quête du requin imaginaire mais peut-être réalité, et une équipe de tournage improvisée embarquée sur un bateau (ne vous attendez pas à voir le sous-marin tout le film...). Au niveau visuel, tout est travaillé, les musiques sont agréables avec la part belle à David Bowie, le regretté. La thématique de la famille, et des liens affectifs en dehors des liens du sang est abordée avec beaucoup de finesse, et réserve des séquences impressionnantes (travelling dans les pièces du bateau coupées en deux pour suivre la dispute du père et du fils, magnifique). Le film se construit comme un hommage à la vie mouvementée du commandant Cousteau et en emprunte ainsi quelques codes (bonnet rouge, relations tendues avec son fils, activités parfois à l'encontre du bien-être animal...). Tout y est fait de manière objective et ne fait ni le pugilat ni l'éloge absolue de cet homme célèbre. À voir pour le visuel et quelques scènes excellentes.