Noblesse de l'échec.
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En signant La Vie d'Oharu, femme galante, Kenji Mizoguchi dresse le difficile portrait d'une femme vivant à l'ère des mœurs féodales du Japon, où l'on trouvait une hiérarchie sociale et patriarcale.
Il parvient à bien mettre en avant ces aspects-là, étudiant cette vie et ces lois pour montrer qu'une femme restait forcément une victime dans ce monde, privée de ces droits, et ce qu'elle soit mère ou concubine. Pour bien étudier ses thématiques, sans jamais alourdir le récit, il s’appuie sur une riche qualité d'écriture, qui ne tombe jamais dans la lourdeur, et d'une mise en scène subtile, sobre, forte mais capable de faire ressortir les émotions et réflexions des personnages et enjeux.
Mizoguchi dépeint un Japon médiéval où règne l'injustice, prolongement d'ailleurs de notre société actuelle, et il évite de dramatiser le récit, il en fait une chronique authentique et juste. Construit sur un grand flash-back, il propose une peinture de la société japonaise d'antan avec un amour banni, où l'on est régulièrement en danger et où les parents prostituent leurs enfants. Pour mettre en avant ses propos, Mizoguchi n'en oublie pas les personnages secondaires, apportant tous un aspect différent de cette peinture, tandis qu'il démontre un véritable savoir-faire dans l'utilisation de toutes les composantes (bande-originale, plans ou encore comédiens) pour tirer avec justesse la force des propos et les sensations autour de ce personnage.
La Vie d'Oharu, femme galante est sublimée par un véritable travail d'orfèvre derrière la caméra, que ce soit dans l'alternance entre la rapidité et la lenteur dans les mouvements, d'ailleurs d'une incroyable fluidité, ou dans sa gestion du rythme et sa maîtrise technique, à l'image de quelques remarquables plans séquences. Kinuyo Tanaka est inoubliable dans le rôle titre, elle est aussi bien entourée, tandis qu'on pourra apprécier la sublime reconstitution, avec de magnifiques décors et costumes, permettant une meilleure immersion.
Kenji Mizoguchi propose avec La Vie d'Oharu, femme galante une oeuvre forte et intense, dressant une implacable peinture du Japon féodal et du sort des femmes, toujours avec justesse, émotion et avec une incroyable maîtrise de la caméra.
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le 21 févr. 2019
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