Ça a mal commencé dès le menu du DVD : ce montage épileptique et poseur, avec force mots-clés, scènes de bravoure et personnages qui se prennent le visage dans les mains n’augurait rien de bon. Mais bon, on sait à quel point une bande-annonce peut s’avérer racoleuse pour attirer le chaland et cacher malgré elle un film honorable…
Dans cette histoire abracadabrante, le plus embarrassant reste sans doute l’écheveau de câbles avec lequel on annonce un twist qu’on va mettre plus de deux heures à révéler, et qui s’évente en 20 minutes.
La vie de David Gale est un petit polar du dimanche soir correctement troussé dans sa forme, qui n’occasionne pas vraiment l’ennui et se précipite tête baissée dans tous les poncifs de son registre : cowboy mystérieux, train qui empêche une filature, appartement visité, échange de mallette, K7 vidéo de preuve irréfutables et course finale contre la montre.
Du côté des interprètes, on a connu les deux stars plus inspirées, pour une raison simple : difficile de se distinguer sur un canevas aussi éculé que la journaliste franc-tireuse et le brillant-prof-victime-alcoolo-martyr-en-fait-tellement-héros-vas-y-pleure-Monique.
Non, ce qui gêne vraiment dans ce film, et qui faisait déjà la limite de Mississippi Burning, c’est la maladresse notoire du discours. Emberlificoter un vrai sujet (la ségrégation raciale ou, ici, la peine de mort) dans un emballage aussi lourdingue dessert toute réflexion de fond. David Gale n’est absolument pas un film sur la peine de mort, mais un tour de passe-passe qui, par accumulation d’ingrédients arrangeants (maladie/complots/polar à twists grossiers) caresse le spectateur dans le sens du pathos pour lui éviter de se poser des questions.
A cette malhonnêteté, opposons un film autrement plus ambivalent et fort : Dead Man Walking, de Tim Robbins.