Michel Muller, ancien chroniqueur à Nulle Part Ailleurs sur Canal +, passait à la réalisation en 2005. Celle d'un vrai-faux documentaire sur sa vie d'humoriste. Deux types sont chargés de le filmer 24h sur 24 dans toutes les situations possibles. D'après le commentaire audio du réalisateur proposé dans le DVD, ce procédé simpliste s'avère en réalité bien plus technique qu'il n'y paraît.
En ce qui concerne le film, finalement il nous place devant les angoisses et les galères d'un type, appartenant au monde du show-biz, qui essaie de faire rire. Il nous décrit un monde de strass, de paillettes, de tentations (femmes, drogue, alcool) qui fait limite froid dans le dos si on n'a pas la tête sur les épaules.
Par la suite, il nous montre tout le processus de création d'un film. S'ensuit une critique en règle du monde du cinéma assez inattendue. Voir Le Pogam, l'associé de Besson, se tourner en dérision ("Besson est parti une semaine dans sa maison de campagne, il va revenir avec six scénarios") l'est tout autant et peut-être finalement vu comme un signe d'intelligence.
Même Muller le fait d'ailleurs quand il parle de ses propres films en tant que comédien où il avoue que Wasabi et Fanfan La Tulipe sont nuls.
Le problème du film, c'est qu'il manque de trash, d'un peu de l'esprit de Michel Muller, qu'on ne voit que trop partiellement. Uniquement quand il s'amuse avec un chat qu'il vient d'écraser ou lorsque dans le générique de fin, il fait l'amour avec une fille qui a une prothèse à la jambe. Celle-ci se détache et Muller la brûle au barbecue.
Enfin Muller, en dénonçant les humoristes qui font du cinéma (au hasard on pourrait citer Gad Elmaleh, Elie Semoun ou Franck Dubosc), dénonce ce qu'il est. C'est un peu le serpent qui se mord la queue.
C'est tout de même un docu sympa à voir, ou plutôt à découvrir car passé inaperçu en salles pour des raisons de distribution, marrant par moment, histoire de voir comment vit une certaine classe sociale parisienne. Aussi pour les apparitions d'un Depardieu complètement bourré et pour sa satyre du cinéma français où les artistes s'avèrent incultes et opportunistes.