Si aujourd’hui les années de plomb semble n’être qu’un vague fait historique bien lointain et imprécis pour les jeunes générations hors d’Allemagne, pour ceux qui l’ont vécu à travers les actualités, elles restent de sinistre mémoire. La suspicion, les arrestations arbitraires, les morts (pour ceux qui voulaient franchir le mur étaient monnaies courantes. Une chape lourde couvrait ce peuple brimé et nous étions bien impuissants face à une telle situation. Le réalisateur nous replonge dans cette période, de l’intérieur. Il a su retranscrire le drame sans toutefois porter de jugement. Il démontre d’abord la mécanique du système pour en venir à un cas plus particulier. Une prise de conscience toute symbolique d’un individu formaté qui réalise l’abomination de pareilles pratiques. Sa certitude du départ sur le bon droit va vaciller et lui avec. Le film est parfaitement orchestré dans ce sens et joue sur la corde sensible à tout moment. Qui du bourreau ou des victimes est le plus à plaindre ? « La vie des autres » n’aurait sans doute pas été aussi bon sans la présence de Ulrich Mühe, acteur génial décédé il y a peu, au physique ascétique mais dégageant une profonde humanité. Un extraordinaire interprète pour un film que ne l’est pas moins.