Premier film du grand Desplechin - avec sa "bande" d'acteurs au complet ! - sur le deuil et le pouvoir mortifère des mères, "La Vie des Morts" est bien sûr loin d'être aussi abouti que les magnifiques longs métrages qui vont suivre. Avec son dispositif narratif qui privilégie le groupe à l'individu, n'en finit pas de sauter d'un personnage à l'autre, limitant le chant d'action de chacun à des fractions de gestes, il montre comment l'individu est littéralement travaillé par le collectif, et comment il se fraie une existence, un semblant de liberté au sein d'un groupe. Ce n'est pas une mince affaire, et le film, même à demi réussi seulement, traduit déjà l'ambition démesurée de Desplechin... [Critique écrite en 1993]