Quand Vadim Perelman se prend (à tort) pour Gus Van Sant
La Vie devant ses yeux a pour lui de proposer au public de se poser des questions fascinantes. Peut-on vivre avec le poids de la culpabilité ? Cette interrogation est le fil directeur de la réflexion à laquelle nous engage le long métrage, mais il est également question de la perte de l'innocence, et dans une moindre mesure des errances de l'adolescence. On peut également y voir un écho à l'actualité américaine, frappée depuis une décennie par des drames similaires, et dont Elephant avait mis en scène avec brio en 2003 l'un d'eux.
Seulement voilà, Vadim Perelman n'est pas Gus Van Sant, loin de là. Le film partait pourtant dans la bonne direction, mais à nous resservir une dizaine de fois la même scène, au plan près, la méthode filmique en devient indigeste. Qui plus est, les réponses apportées manquent au final de pertinence, rendant le fond tout aussi décevant que la forme.
C'est d''autant plus regrettable que l'on sent chez Vadim Perelman la volonté de s'inscrire dans des choix artistiques intéressants à exploiter (par exemple toute la connotation avec l'eau, entre les baignades, l'aquarium, les lavabos détruits par l'Uzi), mais ayant déjà été utilisés par bien d'autres réalisateurs et avec bien plus de réussite. Sans aller jusqu'à la "masturbation intellectuelle" comme cela fut le cas pour Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, on sent la suffisance du metteur en scène si sûr d'avoir accroché son spectateur par des voies philosophiques alléchantes. Pas de bol, il manquait un brin d'insolence et de talent pour cela.
Reste Evan Rachel Wood, lumineuse et allant même jusqu'à voler la vedette à Uma Thurman, décidément accrochée aux navets ces derniers temps. Il serait bien que cela change. Monsieur Tarantino, si tu me lis...