La Vie du Christ
5.7
La Vie du Christ

Moyen-métrage de Alice Guy (1906)

Alice Guy est première. Première femme réalisatrice ayant réalisé le premier péplum et le premier making-of, on dit même qu’elle a inventé le cinéma de fiction. D’une certaine manière, elle aura aussi lancé Gaumont. Bon et que vaut ce court long pour l’époque ? Et est-ce vraiment cette question qui importe ?


Le pitch, on va pas passer 15 ans dessus, c’est le Nouveau Testament.


On tient là la première adaptation d’un best-seller. Ou le premier biopic. Il conviendra d’avoir quelques connaissances dudit bouquin parce que la narration est parcellaire. Pas grave, de toute façon, c’est un prétexte. On notera aussi que les cartons de dialogues, les intertitres, sont inexistants. Il faudra donc se fier à l’action décrite et aux expressions des acteurs pour comprendre ce qui se dit. Il faut dire qu’on est que 8 ans après le premier usage (en Angleterre) d’un intertitre, l’habitude n’est donc pas ancrée. La mise en scène est composée de plusieurs tableaux successifs représentant les 25 parties du film. On notera que Guy se libère audacieusement du studio puisque certains plans sont en extérieur. Les petits tours de magie du cinéma d’alors sont bien présents par un montage facétieux très réussi. Globalement, l’éclairage est de qualité, même par fort contraste. Surtout, on notera une certaine ambition dans les décors, les costumes et le nombre de figurants. Il y a une forme d’épique qui se manifeste malgré les moyens limités. Spectaculaire ? Tout est relatif mais oui. On applaudira également les rares mouvements de caméra, des panos courts mais réussis. En revanche, contrairement aux films courts faits précédemment par Alice Guy, point de travail sur le champ-contrechamp et peu sur le hors-champ. C’est en effet très démonstratif, trop probablement. On se souviendra quand même que ce film est surtout une suite de scènes courtes vendues alors séparément. Ça explique en partie l’aspect haché de la narration et le centrage sur ce que l’on veut montrer.


Au final, c’est captivant. Plus comme document que comme œuvre de fiction cependant. Mais pour qui s’intéresse aux débuts du cinéma, il y a quantité de choses à voir dans cette vie du Christ. C’est à ce titre que c’est un film tout à fait recommandable.

Konika0
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le 23 avr. 2023

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