She’s Having a Baby est porté par une telle fougue de mise en scène que ses imperfections et ses lourdeurs s’en trouvent excusées : pas un plan qui ne donne lieu à une idée formelle, pas une scène qui ne tiennent en place. Aussi, John Hughes aborde les étapes traditionnelles – pour ne pas dire conventionnelles – de la formation d’une famille avec mariage, emménagement, boulot, enfant, par le biais de la parodie, manifestant un esprit sale gosse qui culmine lors des séquences oniriques : une chorégraphie de tondeuses à gazon, une salle d’attente qui humilie le mari impuissant, un bureau dont les cloisons se rapprochent et emprisonnent le jeune cadre, un cauchemar adultérin, tout cela constitue la traduction des angoisses et des fantasmes de Jake, adolescent plongé malgré lui dans le monde adulte et confronté à ses responsabilité. Pour l’interpréter, un Kevin Bacon convaincant, quoiqu’en surjeu la plupart du temps ; il forme avec Elizabeth McGovern un jeune couple attachant et hilarant – voir à ce titre la dispute dans la chambre à coucher à propos des deux convives restés dans le salon.
She’s Having a Baby est une œuvre pleine de défauts et de facilité, mais animée par un sens furieux de la réalisation et une bande originale entraînante. Un divertissement honnête qui pense l’âge adulte comme une série d’initiations et d’épreuves et qui a le mérite de représenter avec beaucoup d’humour les problèmes de la vie conjugale.